Attaques terroristes à Sikasso : la Côte d’Ivoire envoie des renforts à la frontière avec le Mali
Un contingent de l'armée ivoirienne (photo d'illustration)

Attaques terroristes à Sikasso : la Côte d’Ivoire envoie des renforts à la frontière avec le Mali

L’attaque jihadiste de la ville de Fakola dimanche dans la région de Sikasso inquiète les autorités ivoiriennes. Des renforts ont été envoyés dans le nord de la Côte d’Ivoire à la frontière avec le Mali. Pour autant, les autorités estiment que le péril jihadiste est pour l’instant très faible à l’intérieur de la Côte d’Ivoire.

Des renforts ont été envoyés dans le nord de la Côte d’Ivoire, selon le porte-parole du gouvernement ivoirien. A cette heure les autorités ivoiriennes n’ont pas souhaité donner de détails quant à leur nombre ni à leur corps d’appartenance « pour des raisons de sécurité ».
Le ministre de la communication a reconnu que son pays s’organise pour éviter d’être touché par la menace jihadiste. Un député président de la commission de sécurité et de défense de l’Assemblée nationale estime que « les jihadistes sont aux portes du pays. Cette situation est pour lui préoccupante, et fait peur.
C’est une menace réelle sur la Côte d’Ivoire, un pays laïc, affirme-t-il. Cette nouvelle « met les populations dans la peur, et la terreur », compte tenu de « l’énorme porosité » de la frontière terrestre ivoiro-malienne.

Toujours selon le président de la commission de défense de l’Assemblée nationale, les autorités doivent prendre « des mesures conservatoires et faire en sorte que cela ne vienne pas faire monter en épingle une tension, à quelques mois des élections » présidentielle et législatives d’octobre.

Plusieurs groupes ont revendiqué les attaques terroristes perpétrées récemment dans le centre et le sud Mali. Pour certains analystes, il est encore très tôt d’identifier les commanditaires de ces attaques. Toutefois, les spécialistes estiment que les auteurs de ces actes ne sont que les ennemis de la paix.
Ousmane Kornio est spécialiste des questions de sécuritaire et règlement des conflits. Il était l’invité de notre émission « Grand dialogue » d’hier.
« C’est vrai que même s’il n’est pas facile d’identifier ces terroristes, mais ce à quoi on peut s’attendre c’est que dès lors que le Gouvernement a signé avec la rébellion un accord pour la paix, ceux qui sont contre cette paix, c’est à dire ceux à qui profitent ce désordre, cette insécurité, vont se manifester. Maintenant quant à dire qu’il s’agit des éléments d’Iyad Ag Ghali, ou des éléments d’un tel ou d’un tel groupe, pour le moment je crois qu’il faut être réservé. Mais il faut reconnaître quand même qu’il y a beaucoup d’acteurs qui n’ont aucun intérêt à ce qu’il y ait la paix et qui sont prêts à tout pour montrer qu’ils ne sont pas contents. Quand il y a une crise d’une telle envergure, il y a toujours des gens qui sont aux abois et essaient de manifester ».

Après les récentes attaques dans plusieurs localités du pays, le principal parti d’opposition, URD, condamne et exige des « enquêtes approfondies pour arrêter, juger et punir les auteurs de ces actes criminels ». Aussi, l’URD alerte les autorités sur les conséquences néfastes de la dégradation de la situation sécuritaire sur les activités agricoles et demande à la communauté internationale de renforcer son assistance au Mali.

L’attaque survenue la semaine dernière à Fakola a provoqué la psychose chez les populations et alimente les tensions entre les communautés de plusieurs villages voisins de la frontière ivoiro-malienne. Le maire de Fakola dénonce « la gestion timide de la situation sécuritaire par les autorités ». Pour lui, « le risque d’un conflit frontalier aggrave la situation ».
« Nous sommes menacés aussi par les populations frontalières de la Côte d’Ivoire qui sont en train de menacer nos paysans depuis que les jihadistes ont été aperçus dans la forêt de Saman. Car nous partageons directement la frontière avec la Côte d’Ivoire. L’autre aspect est qu’avec la présence des jihadistes, les gens n’arrivent pas à travailler, alors que l’hivernage est en train d’avancer, même si la pluviométrie n’est pas aussi que ça. Les gens devaient commencer à travailler, mais cela n’a pas été possible. Donc avec ce conflit avec nos frères ivoiriens qui viennent s’y ajouter, cela va empirer la situation ».