La jeunesse du Mali et de la Côte d’Ivoire de plus en plus attirée par la violence

La jeunesse du Mali et de la Côte d’Ivoire de plus en plus attirée par la violence

Les jeunes de plus en plus attirés vers l’ultra violence. Après l’étude de l’Institut d’Etude Stratégique, présentée il y a quelques jours, sur la radicalisation des jeunes, Interpeace et ses partenaires l’Imrap et Unicef viennent à leur tour de publier une enquête alarmante réalisée auprès de 700 jeunes au Mali et en Côte d’Ivoire. Ce travail montre que les jeunes s’engagent dans les groupes ultra-violents pour être reconnus et cherchent ainsi une forme de valorisation. L’idéologie religieuse n’étant qu’un facteur largement secondaire.

L’étude qui a été conduite conjointement à Abidjan en Côte d’Ivoire et dans les régions de Gao et de Sikasso au Mali montre qu’une partie de la jeunesse de ces deux pays semble désormais se tourner vers diverses formes d’activisme violent par souci de reconnaissance. L’enquête montre la faillite de la famille, des enseignants et le manque de perspectives économiques .Une ultra violence, note cette étude, que les réponses répressives des plus grandes puissances dans la région s’avèrent incapables d’endiguer. Autre dimension édifiante de ce travail : le rôle de l’école coranique. Si l’étude montre qu’elle peut constituer un facteur positif de résilience, en revanche elle peut aussi être facteur de risque lorsque certains maîtres instrumentalisent leur relation d’autorité. Le rapport apprend également que ce n’est pas le chômage ou la recherche d’argent qui pousse les jeunes vers certains groupes violents mais plutôt la quête de reconnaissance et de réussite sociale. Ainsi l’exemple de Gao. Dans cette région les jeunes soumis aux mêmes pressions depuis 2012 ont rejoint les forces rebelles, d’autres des jihadistes comme le Mujao ou Ançardine, d’autres encore ont créé des groupes de résistance civique ou d’auto défense.

Selon Interpeace, les jeunes ne voient plus dans la société actuelle un modèle de réussite. C’est ce qui explique selon l’ONG, l’engagement des jeunes dans les groupes ultra violents comme moyen de valorisation et d’affirmation.
Pour Jean Simon Rioux, chargé de programme d’Interpeace il est urgent de repenser le système éducatif et les politiques d’emploi des jeunes en tenant compte de leurs aspirations.

Il est joint au téléphone par Mahamane Almaimoune.
« Ces jeunes là ne voient plus en général dans la société ce modèle de réussite en qui, ils peuvent se projeter. Il faut réinventer le système éducatif pour donner un peu, ce modèle aux jeunes. Donc il faut recréer de la relation ou revaloriser surtout l’accès à autre chose. Le système éducatif est, depuis la colonisation axé sur la transmission des connaissances pour former une élite. Aujourd’hui, ce dont les jeunes ont besoin, c’est une profession de savoir, une réussite sociale. Il faut repenser cette politique d’emploi, pour voir au delà du salaire, qu’est-ce que ces emplois là amènent. Si la politique qu’on met en place marginalise davantage et censure les discours qui sont la tendance dominante qu’on dit modérée et bien finalement ça contribue à renforcer la violence. Renforçons ces systèmes fédérateurs, mais diminuons le risque. Et comme je viens de le dire, le risque c’est la rupture contre la société. Comment réussir à trouver une façon pour que ces discours là qu’on perçoit comme discours rigoristes ou plus conservateurs, puissent malgré tout trouver une place dans la société. Je ne suis pas en train de dire que ceux qui ont raison ou ont tort, mais disons qu’ils placent le système dans le débat ».