Hommage national : le Mali pleure Ogobara Doumbo
image du défilé funèbre

Hommage national : le Mali pleure Ogobara Doumbo

Les obsèques officielles du Pr. Ogobara Doumbo ont eu lieu ce samedi 16 juin à Bamako. Décédé le samedi 9 juin dernier à Marseille en France, l’universitaire-chercheur malien présidait le Centre de recherche et de formation sur le paludisme. Cette structure a entrepris en 2003 des essais cliniques d’un vaccin contre le paludisme. À travers ces obsèques nationales, le Mali rend hommage à de « ses valeureux fils.

Né au milieu des années 1950, dans un village de la falaise Dogon du cercle de Koro, Ogobara Doumbo poursuit ses études à Bandiagara, à Niono, avant d’entrer à la faculté de médecine de Bamako, dans la continuité de la tradition de thérapeute de ses aïeux.
Cet enfant de la brousse qui deviendra le « Prof Ogo » exerce d’abord la médecine et la chirurgie en zone rurale. Il reviendra par la suite à Bamako pour suivre le Pr Philippe Ranque au sein du département d’épidémiologie des affections parasitaires (DEAP). La nécessité d’apprendre sans relâche s’impose. Il complète sa formation en France (notamment à Marseille) et aux Etats-Unis, dans des domaines complémentaires, indispensables à l’étude du paludisme : biologie, parasitologie, écologie, entomologie, anthropologie, éthique, épidémiologie, biostatistique et tant d’autres.
Avec ses collègues maliens, il créera au sein du DEAP, le Malaria Research & Training Center (MRTC) en 1992, qui obtiendra par la suite les labels de Pôle d’excellence de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) et d’International Centre of Excellence for Malaria Research (ICEMR) du National Institute of Allergy and Infectious Diseases américain (NAID), témoignant ainsi de l’excellence de la recherche et de l’enseignement qui y sont réalisés.
Professeur de parasitologie-mycologie, directeur du MRTC, Ogobara Doumbo était également chercheur à l’UMR SESSTIM et Professeur associé à la Tulane School of Public Health (USA). Il assurait, entre autres, la présidence du conseil de la jeune université malienne de Ségou, du conseil d’administration du Centre d’infectiologie Charles Mérieux (CICM) à Bamako, du conseil scientifique de l’IHU Méditerranée Infection. Il était aussi membre du Conseil d’administration et du conseil d’orientation stratégique de l’IRD.
Tout au long de sa carrière, les prix et titres se sont accumulés : prix Christophe Mérieux, Honors Medical Society, Prince des Asturies, American Society of Tropical Medicine and Hygiene, Prix international de l’INSERM, Légion d’Honneur (France), Ordre du Mérite (France), Ordre National (Mali), Palmes académiques (CAMES) entre autres. Il était correspondant de l’Académie nationale de médecine (France) et membre de l’Académie africaine des Sciences. Malgré cette liste non exhaustive de distinctions internationales, le Pr Ogobara Doumbo a toujours gardé la tête froide et une vision panafricaniste, selon ses collaborateurs.
Pour eux, sa recherche d’excellence au service des plus vulnérables a permis de nombreuses avancées majeures dans la lutte contre le paludisme par la mise en place de traitements et de stratégies de lutte innovantes. On peut souligner par exemple que le Professeur Ogobara Doumbo et son équipe sont à l’origine du traitement préventif intermittent au cours de la grossesse (Intermittent Preventive Therapy for Pregnant women ITP-p) et du traitement intermittent préventif chez les enfants de moins de cinq ans (Seasonal Malaria Chemoprevention SMC , ou ITP-infants ), deux stratégies efficaces actuellement recommandées par l’OMS.
Pour les élèves et collègues du professeur, c’est un grand baobab africain de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique qui est tombé. Selon eux, tous ceux qui ont grandi sous l’ombre du baobab et nourris de ses fruits doivent continuer son œuvre.
Pr Abdoulaye Djimdé, collègue et ancien élève du Pr. Ogobara Doumbo :

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Le décès de cet homme de science est non seulement une perte pour le Mali mais aussi pour le monde entier, regrete la communauté Dogon du Mali. Les membres de l’association Gina dogon pleurent un homme très attaché à sa culture.
Casimir Sangala, chargé de communication de l’association Gina Dogon :

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