Nouveau découpage : des Maliens rejettent, le gouvernement rassure, des experts proposent « des « préalables »
Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs localités contre le découpage administratif

Nouveau découpage : des Maliens rejettent, le gouvernement rassure, des experts proposent « des « préalables »

L’avant projet de découpage territorial continue de susciter des réactions à travers le pays. Pour apaiser le climat social, les autorités maliennes organiseront des conférences régionales autour de ce projet du 13 au 17 novembre prochain. Pourquoi tant de manifestations contre ce projet de découpage ? Est-ce que les concertations locales des communautés calmeront les tensions ? Les avis sont partagés.

Des organisations de la société civile protestent et s’insurgent contre ce nouveau projet de découpage administratif. Selon elles, ce projet de découpage administratif est « inopportun, inadéquat et source des tensions sociales ». Le président de cette coalition dénommée « IGDA-Mali Tétila », estime qu’il est temps de faire face aux réalités de sous développement et d’insécurité actuelles du pays.

« Quant on regarde le contenu du projet de réorganisation administrative, on se rencontre qu’on fait la part belle à certaines régions du Nord et à certaines ethnies ou à certains groupés armés. C’est ce qui est plus déplorable », regrette Abdel Kader Maïga. Pour le président de la Coalition « IGDA-Mali Tetila », « il y a déjà des responsables d’autres régions comme Sikasso qui commencent déjà à se plaindre ». « Ça ne nous avance en rien, ça ne garantit pas la paix, ça ne garanti pas la cohésion sociale. Et moi je dis qu’il faut tout simplement rejeter même ces concertations et ces découpages. Oublions ça, mettons ça dans les oubliettes. Le Mali a d’autres priorités », tranche Abdel Kader Maïga.

Du coté des autorités, on est loin de partager cet avis. Selon le gouvernement cette réorganisation du territoire est une nécessité pour le rétablissement de la sécurité et le rapprochement des services sociaux de base des communautés et l’équilibre du développement. Selon autorités, les conférences régionales permettront aux populations de faire des recommandations et des suggestions pour la réussite du projet. « Moi je pense que le processus est participatif, à partir du moment où l’opportunité est donnée à cette partie de la population pour être au niveau de conférence régionale pour expliquer pourquoi cela, pourquoi nous ne faisons pas cela », explique le directeur général de l’administration du territoire. Pour Souleymane Amadou Sangaré, « l’État veut vraiment qu’il y ait la stabilité, la sécurité et le développement ». « Ce projet, s’il est adopté au terme de terme de conférence régionale, renforcera davantage la présence de l’État des forces armés et de sécurité. L’Etat sera présent au niveau de ces circonscriptions », pense que M. Sangaré.

Selon certains observateurs, « la démarche adoptée par le gouvernement n’est pas inclusive ni constructive ». Selon eux, le temps imparti aux concertations locales n’est pas suffisant pour recueillir les recommandations des populations sur l’ensemble du territoire national. « Organisées des concertations en une ou deux semaines, relève d’un processus bâclé dans lequel les gens vont venir. Chacun va avoir la parole pendant 5 à 10 minutes, et après un comité va décider de produire des rapports. Et après on va dire qu’on a fait des concertations le peuple a validé ». C’est le processus vers lequel on est entrain de partir. «Si le gouvernement s’entête dans un tel jeu ça va être dangereux pour l’équilibre national du Mali », pense pour sa part Mamadou Diouara sociologue-enseignant à l’université de Bamako.

Des analystes et spécialistes de l’administration du territoire sont unanimes qu’il faut un nouveau découpage pour le Mali. Mais selon eux, « il faut des préalables ». D’autres estiment qu’il n’est nullement opportun d’ériger certains cercles en régions, ou des arrondissements en cercles dans le contexte actuel. Dr. Ibrahim Boubacar Sow, Dr. Bréma Ely Dicko, Cheick Ahmed Tidiane Sy, étaient les invités de notre émission « Grand Dialogue » d’hier. Voici ce qu’ils pensent de la question :

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