Accord d’Alger : la voix perdue des réfugiés
Des réfugiés maliens au Burkina Faso

Accord d’Alger : la voix perdue des réfugiés

La voix des réfugiés n’a pas été entendue depuis le début des négociations. On estime pourtant aujourd’hui leur nombre à plus de 100.000. Il sont repartis dans des dizaines de camps dans les pays voisins du Mali.

Dans ces camps les positions sont partagées à l’image du débat qui agite le pays depuis l’annonce de la signature du document de la médiation par le gouvernement et les groupes armés de la plate-forme. L’éloignement la difficulté d ‘accès aux informations écartent les réfugiés d’un débat qui va pourtant déterminer l’avenir de la majorité d’entre eux.

Pour une grande partie de la population qui a quitté le nord pour fuir les violences et l’insécurité le sentiment le plus largement partagé est l’indifférence Beaucoup ne se sentent pas concernés et surtout redoutent ce qui pourrait suivre. Pour les autres c’est un sentiment de frustration qui domine. Celui de l’abandon de l’idée d’une forme d’autonomie de l’Azawad. D’ou l’incompréhension qui traverse les populations attachées à un statut particulier pour le nord.

Les réfugiés du nord assistent impuissants à des discussions qui vont une nouvelle fois les renvoyer sur les chemins d’un exil qui n’en finit plus.

Dans les camps du Burkina Faso le contenu du document d’Alger a été diffusé auprès de certains réfugiés . Mohamed Al Azawad, ressortissant de Tombouctou et partisan du mouvement de la coordination, n’est pas satisfait de l’accord. Pour lui seul l’autonomie des régions nord ou le fédéralisme peut sortir le Mali de la crise. Mohamed Al Azawad est joint au téléphone par Salimata Dao :

« On nous a informés que quand ils ont signé l’accord, l’Azawad n’a rien eu sauf le nom Azawad, mais vraiment on a pas eu ce qu’on voulait. Nous ne sommes pas satisfaits du contenu du document. On a rien eu de tout ce qu’on voulait. On voulait l’autonomie, mais comme on a pas eu cela, on aurait préféré la fédération. Si on peut avoir dans l’accord la fédération, on aimerait que la coordination signe, sinon, qu’elle ne signe pas. Même si le Mali dit qu’il y a la paix, ce n’est pas pour tout le monde qu’il y a la paix. Même hier, sept personnes ont été enlevées vers Lèrè ».

Selon l’expert Malien sur la paix et la sécurité, Abdoul Aziz Diallo la situation au Nord reste toujours complexe . Il estime que  les réfugiés maliens représentent des tendances diverses et ont besoin d’être informés suffisamment sur le contenu du pré-accord d’Alger avec le soutien de la communauté internationale. Abdoul Aziz Diallo a répondu aux questions de Famoussa Sidibé :

« Quand vous prenez un groupe de réfugiés, ceux qui sont en Mauritanie, en Algérie, au Niger, au Burkina et même ,ceux qui sont des déplacés à l’intérieur du Mali, il y a également à leur niveau des tendances. Est-ce que maintenant le gouvernement du Mali à bien expliqué l’accord aux communautés qui sont dans les pays voisins? Je pense peut être que oui, mais pas suffisamment. Je pense que les groupes armés n’ont pas suffisamment expliqué l’accord, ce qui exprime bien sûr certaines frustrations au niveau des communautés. Ce qui est important pour accélérer le processus, c’est que la communauté internationale accepte bien que le moment est venu de tourner cette page sombre de l’histoire du Mali et de s’engager résolument vers la paix et le développement ».