Corruption : Le Mali se dote d’une nouvelle structure de répression
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Corruption : Le Mali se dote d’une nouvelle structure de répression

Le Mali va bientôt se doter d’un nouveau service de lutte contre la corruption et la délinquance financière. La nouvelle structure va en effet s’appeler Office central de répression contre l’enrichissement illicite. La nouvelle est diversement appréciée par les observateurs.

Pour certains, « il s’agit d’une initiative salutaire », d’autres en revanche pensent qu’il sera « une structure de trop ».

Le président Ibrahim Boubacar Keïta avait décrété l’année 2014 comme « année de lutte contre la corruption » au Mali. Pourtant, selon de nombreux observateurs, la pratique de la corruption est hausse, au regard des derniers rapports de contrôle, mais également le récent rapport de sondage du Transparency international. Le gouvernement veut donc « donner un nouvel élan » à la lutte contre la pratique. Elle envisage la création de l’Office central de répression contre l’enrichissement illicite . La création de cette nouvelle structure intervient alors qu’en 2014 l’Assemblée nationale avait adopté la loi contre l’enrichissement illicite au Mali. Pour le porte-parole d’IBK, cet office central « est loin d’être une structure de plus » dans la lutte contre la corruption. Sa création, selon lui, « témoigne de la volonté politique du chef de l’Etat à impulser une nouvelle dynamique à la lutte contre l’enrichissement illicite au Mali ».
Mamadou Blaise Sangaré est porte-parole du président IBK. Il est au micro de Issa Fakaba Sissoko :
« Cette loi va être gérée dans l’esprit et dans la lettre par un Office central de lutte contre la corruption qui sera installé, et qui va bénéficier de tout l’éventail juridique et réglementaire nécessaire . Il va disposer de toutes les compétences. L’objectif est de faire en sorte que cette lutte contre la corruption soit une réalité dans ce pays et qu’elle soit pratiquée au quotidien, mais avec les moyens de droit pour qu’il n’ y ait pas d’erreurs judiciaires en la matière, pour que les coupables ne soient pas relâchés. Parce que dès lors qu’il a été prouvé que vous êtes effectivement coupables et que vous êtes convaincus de détournement de deniers publics, que vous êtes convaincus d’enrichissement illicite, que par les moyens de droit vous soyez condamné, il n’est plus possible que vous soyez relâchés tant que vous n’auriez pas purgé votre peine. C’est ça l’Etat de droit. C’est ça la démocratie. C’est ça la transparence ».

Certains observateurs, quant à eux, restent septiques sur l’efficacité de cette nouvelle structure. Selon eux, le Mali dispose des textes et des structures suffisantes pour mieux lutter contre la corruption. Mais, regrettent-ils, « la volonté politique est absente ».
Pr. Abdoulaye Niang est Economiste, directeur du Centre de recherche et d’études stratégiques « Sènè » :
« Concernant les lois, le Mali a de très bonnes lois, c’est l’application qui manque. Le Mali a les structures qu’il faut, mais c’est l’application qui fait défaut. Cet engagement du chef de l’Etat n’existe pas. Toutes les fois où le président IBK prend des engagements, il le fait à partir de l’instant où il a parlé. Et puis six mois plus tard, il revient là-dessus encore. Il reprend l’engagement à partir de cet instant. Ce qui s’est passé entre les deux, est encore mis au passif. Je crois qu’il faut qu’on commence à douter de l’engagement réel du président de la République pour les engagements qu’il prend. On dit qu’il y a eu des gens qui se sont suicidés après avoir été en prison pour fait de corruption. Non, c’était hier que les gens se suicidaient. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui ce n’est pas vrai. Quand tu voles, tu es même fier d’avoir volé. La moralité, la défiance comportementale est avérée et évidente aujourd’hui par rapport à l’intégrité et par rapport à la finance. C’est ça la vérité aujourd’hui. Le scandale du malien, c’est qu’il utilise ses ressources naturelles, son intelligence et son énergie en défiance comportementale totale. Quant à la justice, elle sera à la base de la prochaine révolution. Ce serait autour du foncier d’abord. Mais ce serait surtout autour de la justice et il faut qu’elle fasse très attention ».