Attaque d’un check-point de l’armée à Tombouctou
Des militaires Maliens en patrouille à Tombouctou (crédit AFP)

Attaque d’un check-point de l’armée à Tombouctou

Un check-point de l’armée malienne a été attaqué hier soir à Tombouctou par des hommes armés non-identifiés. Le premier bilan fait état de 2 militaires maliens blessés et 2 assaillants arrêtés. Selon le correspondant de l’AMAP à Tombouctou, la situation est maintenant calme dans la ville.

Yehia Tandina est joint au téléphone par Mouhamadou Touré :

« Hier soir quelques minutes après la prière du « Nafila », le check-point situé au nord de la ville de Tombouctou venant de Taoudéni a été l’objet d’une attaque. Les coups ont été entendus dans la ville. Ensuite à la grande surprise des habitants, c’est encore des tirs nourris qui ont été entendus. Il y avait un premier groupe qui était hors de la ville et un second qui s’était déjà infiltré. La riposte de l’armée a fait que le groupe qui était hors de la ville a été repoussé. Mais pour le moment le bilan que nous retenons de cette attaque est de deux militaires maliens blessés, deux suspects arrêtés côté assaillants et un autre serait tué mais je suis sur la piste pour confirmation. Parce que hier soir lors des premières heures, l’armée avait alerté les populations de la présence de certains éléments dans la ville, mais la patrouille était restée jusqu’à vers une heure du matin quand ils ont mis la main sur certains suspects. Donc on se dit que maintenant la solution est peut-être trouvée. Bon actuellement c’est calme, les gens ont repris le travail ce matin. Les gens se sont même habitués finalement aux tirs ».

Cette attaque est la deuxième, en dix jours, qui vise les Famas dans la région de Tombouctou. Pour certains observateurs, cela pourrait avoir « une signification politique ».
Ces analystes demandent que les forces armées présentes au Mali renouent « des liens plus structuraux et plus organiques avec aussi l’implication des populations concernées » pour mettre fin à ces attaques.
André Bourgeot est spécialiste des questions sécuritaires. Il est joint au téléphone par Mouhamadou Touré :

« Si c’était la première fois on pourrait penser que ça augure de quelque chose. Mais si ça se répète à 10 jours près, ça a probablement une signification politique ».

Quelle peut être cette signification politique ?

« A partir du moment où ce n’est pas revendiqué, c’est difficile d’envisager une analyse qui se tienne. Il faut simplement mentionner que ça s’inscrit dans une dégradation du climat politique et militaire au Mali. Mais encore une fois, ce qui est significatif, c’est que la Minusma a déjà été attaquée, cette fois-ci c’est directement les forces militaires maliennes qui sont la cible d’attentat, donc ce n’est pas très bon. Et sauf erreur de ma part, en ma connaissance, il n’y a pas eu d’attaque contre Barkhane. Alors est-ce que ça a une signification politique aussi ? Je ne saurai pas le dire. Effectivement, il faut renouer des liens plus structuraux, plus organiques entre les Famas, la Minusma et puis bien sûr aussi Barkhane. Et encore une fois ne pas se limiter aux seules forces sécuritaires et répressives, et impliquer aussi sous des formes qui restent à définir la participation implicite mais aussi explicite des populations concernées ».

Toujours dans la même région de Tombouctou, plus de 200 têtes de bovins ont été enlevées hier matin par des hommes armés à 5 Km de Soumpi dans cercle de Niafunké. Menacés de mort par les assaillants, des bergers qui pâturaient leur bétail aux abords du lac de Soumpi ont été obligés d’abandonner leurs animaux. Cette zone connaît depuis plusieurs mois une recrudescence de violences. Plusieurs cas de braquages ont été enregistrés dans la localité.