Réunion de Yaoundé : l’avenir du CFA en question
Des coupures de billets de CFA

Réunion de Yaoundé : l’avenir du CFA en question

Les ministres des Finances des 15 pays africains membres de la zone franc se sont réunis ce week-end à Yaoundé pour discuter de l’évolution de leurs économies. Celles-ci sont confrontées à de fortes turbulences en raison de la baisse des cours des matières premières. Le ministre français des Finances, Michel Sapin, a participé à cette rencontre qui devrait, selon les organisateurs, «proposer des solutions» face aux difficultés financières rencontrées par plusieurs membres de la zone. Il a également été question de l’avenir du Franc CFA.

Outre la France et les Comores, les 15 pays de la zone franc «sont confrontés aux problèmes de financement des économies, aux risques d’instabilité financière et à la faiblesse des échanges intra-régionaux».

Les pays de la zone franc dépendants des exportations des matières premières, ont vu leurs recettes chuter lourdement depuis 2014, en raison de la baisse des cours du pétrole, mais aussi du bois, du fer ou du coton. Malgré cette situation, plusieurs d’entre eux, ont fortement augmenté leurs dépenses.

Cette réunion de Yaoundé intervient sur fond d’interrogations persistantes sur l’avenir du franc CFA, dont certains souhaitent l’abandon au profit d’une monnaie 100% africaine. Interrogé à ce sujet à l’issue de la rencontre, le ministre français des finances a assuré que la question se trouvait «entre les mains des responsables africains».

Selon lui, «c’est la décision des Africains qui s’impose, pas la décision de la France». Michel Sapin a également rappelé «sa très grande disponibilité s’il y avait des propositions d’évolution dans telle ou telle direction, de la part de tel ou tel dirigeant».

La réunion des ministres des finances de la zone Franc CFA a Yaoundé a relancé le débat sur la sortie de cette zone. Au Mali, la question du retrait du Franc CFA fait débat chez les économistes. Pour certains, «il faut aller vers la création d’une monnaie sous-régionale des pays de la CEDEAO». Mais selon eux, cela passe par des préalables qui impliquent une bonne gouvernance des États et la veille citoyenne de la communauté des chercheurs.

Etienne Fakaba Sissoko est économiste, chargé de cours à l’Université de Bamako. Il est joint par Moumine Sindébou:

 »Le franc CFA est une propriété de la France. Il faut aujourd’hui mettre au musée cette monnaie qui aujourd’hui met en cause notre indépendance économique, met en cause notre souveraineté. Lorsque vous partez d’un constat simple, vous remarquez que tous les pays qui utilisent aujourd’hui le franc CFA sont les pays qui utilisent les dix dernière place au classement d’indice de développement humain. Le principe même de fonctionnement du franc CFA rend aujourd’hui inacceptable l’utilisation du franc CFA comme monnaie. Le premier principe aujourd’hui défendu par le franc CFA c’est la mise en commun des réserves et aujourd’hui 50% de nos avoirs extérieur sont déposés au niveau de la banque de France. Ce qui représente autour de 14 à 15 milliards de franc CFA de manque d’investissement pour nos économies. La CEDEAO elle même a pris conscience de cette nécessité de rompre avec le franc CFA. Mais surtout d’aller en union économique et monétaire de la zone CEDEAO pour aboutir à la réussite de ce projet là. »