Mohamed Akotey : « l’assassinat des journalistes de RFI à Kidal est un rapt qui a mal tourné »
L'un des négociateurs de la libération des otages d'Arlit

Mohamed Akotey : « l’assassinat des journalistes de RFI à Kidal est un rapt qui a mal tourné »

Trois jours après la diffusion du documentaire sur la libération des otages d’Arlit et l’assassinat des journalistes de RFI à Kidal, le négociateur nigérien donne sa version des faits. Dans une interview à RFI, Mohamed Akotey ne pense pas qu’il y ait un lien entre le dossier des otages et l’affaire de l’assassinat. Le négociateur nigérien soutient plutôt la thèse d’un rapt ayant échoué.

Une enquête diffusée la semaine dernière sur la chaîne « France 2 » a accrédité l’hypothèse d’un lien entre les tractations menées en 2013 pour la libération des otages français enlevés à Arlit au Niger et l’assassinat de deux journalistes de RFI quatre jours plus tard à Kidal au Mali. Une hypothèse démentie par Mohamed Akotey négociateur nigérien qui a participé à la libération des otages d’Arlit. Celui-ci a remis en cause la version de « France 2 » évoquant « un rapt d’opportunité qui a mal tourné ».
Les deux reporters français, Ghislaine Dupont, et Claude Verlon sont kidnappés au cours d’un reportage puis abattus près de Kidal le 2 novembre 2013. Leur exécution est revendiquée, dès le lendemain, par Abdelkrim le Touareg, un des principaux dirigeants d’AQMI. L’enquête diffusée par la chaîne française s’est intéressée dans un premier temps aux négociations d’Arlit pour la libération des otages.
Elle pointe de nombreux dysfonctionnement entre les services secrets qui auraient finalement entraîné des frustrations au sein des groupes qui retenaient les otages.
L’émission faisait état d’un lien direct entre cette affaire et l’enlèvement suivi de l’assassinat des deux journalistes de RFI. Ces derniers auraient été exécutés par vengeance parce qu’une une partie de la rançon ne serait pas arrivée à ses destinataires. Une thèse accréditée par la Direction du Renseignement Militaire français qui indique que l’assassinat serait « le fait d’individus agissant par vengeance ».
C’est cette option que remet en question aujourd’hui Mohamed Akotey négociateur nigérien qui a participé à la libération des otages d’Arlit . Pour lui, la mort des deux journalistes français est « un rapt d’opportunité qui a mal tourné ».

Dans une interview à RFI, Mohamed Akotey pense qu’il n’y ait pas un lien entre le dossier des otages et l’affaire de l’assassinat. Le négociateur nigérien soutient plutôt la thèse d’un rapt ayant échoué.
« Je pense plutôt que la presse a tellement rabâché les oreilles à tout le monde sur le montant faramineux de la rançon que cela a dû donner des idées à quelques-uns. Ils ont trouvé ce qu’ils avaient sous la main et puis cela a mal tourné.
Aqmi, pour faire des otages, a des spécialistes pour cela. Ce n’est pas un truc d’amateurs. Je pense plutôt que c’est un rapt d’opportunité qui a mal tourné.
De plus haut, j’en doute parce que venant de plus haut, les gens auraient dû préparer le coup de manière plus professionnelle comme ils ont l’habitude de le faire mais je pense qu’il a pris la décision tout seul ou en tout cas avec des gens inexpérimentés ».
Officiellement, les autorités françaises ne font toujours pas le lien entre le dossier des otages d’Arlit et celui de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.

Et vous, est-ce que vous faites ce lien ?
Moi, je ne le vois pas, mais bon… On ne sait jamais. Je n’ai pas dit cela. J’ai dit, concernant la garde des otages, que ce n’est pas n’importe qui garde les otages, même parmi les jihadistes. Ce sont des gens en qui les chefs ont une confiance absolue et souvent ce sont des volontaires kamikazes, c’est-à-dire qui sont prêts à se faire exploser en cas de problème. Je ne suis pas certain qu’un type comme Baye Ag Bakabo puisse accéder à ce statut-là.