Terrorisme : deux groupes se «disputent» l’attaque de Sévaré
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Terrorisme : deux groupes se «disputent» l’attaque de Sévaré

On l’a appris d’un responsable jihadiste, proche du prédicateur islamiste radical malien Amadou Koufa et ex-combattant dans une unité de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar. Souleymane Mohamed Kennen, c’est son nom. Il a revendiqué aujourd’hui auprès de l’AFP l’attaque d’un hôtel à Sévaré survenue la semaine dernière.

Dans un bref entretien téléphonique avec un journaliste de l’AFP à Bamako, Souleyman Mohamed Kennen a déclaré que « la main de Dieu a guidé les Moudjahidines à Sévaré contre les ennemis de l’islam ».

Quinze infidèles et leurs complices ont été tués, a-t-il dit. Le bilan officiel de cette attaque, ayant visé le 7 août l’hôtel « Byblos » de Sévaré, est de 13 morts : quatre militaires maliens, cinq employés de sociétés sous-traitantes de la Mission de l’ONU au Mali et quatre assaillants.
Selon Souleyman Mohamed Kennen, « le cheikh Amadou Koufa a aussi donné sa bénédiction pour l’attaque ». Il a par ailleurs affirmé que « la même main de Dieu a permis aux Moujahidines » de tuer trois militaires dans la région de Mopti, et promis « d’autres attaques contre les ennemis de l’islam ».

L’attaque de Sévaré doublement revendiquée par Almourabitoune et le Front de libération pour Macina serait dû « à une connexion entre ces différents mouvements » selon des spécialistes de la sécurité dans la région . Pour eux, cette recrudescence de violences sur le territoire pourrait s’expliquer par la mise en place d’une nouvelle stratégie aboutissant à une coordination entre les différents réseaux jihadistes.

André Bourgeot est directeur de recherche au CNRS en France . Il était l’invité hier du grand dialogue.
« Les deux mouvements revendiquent effectivement l’attaque sur Sévaré. Cela veut manifestement dire qu’il y a une connexion. Et voire peut-être aussi la mise en place de nouvelles stratégies qui impliquerait une coordination des différents mouvements. Mais ce que je voudrais dire aussi, c’est que l’attaque de Sévaré relève quand même d’une audace incroyable. Parce que vous avez des militaires de la Minusma, des militaires de l’opération Barkhane française, des militaires des FAMAs. Donc s’attaquer comme ils l’ont fait à Sévaré, il y a eu des affrontements quand même importants. Donc ça veut dire que se sont des gens qui sont aguerris. Maintenant, si on veut faire une analyse globale de la situation, j’observe qu’il y a une recrudescence de ces mouvements terroristes. Une offensive tente à se généraliser à travers les différents mouvements que ça soit AQMI, Ansar Dine, le Front de libération du Macina et Al-Mourabitoune »

Suite à l’attaque de Sévaré, un certain nombre de blessés lors de la prise d’otage, ont été pris en charge à l’hôpital Sominé Dolo de la ville. Parmi eux, un chauffeur d’une société sous-traitante de la Minusma. Cinq jours après la prise d’otage, il a accepté de raconter son « calvaire ».

Il s’est confié à notre correspondant de Mopti, Moussa Traoré.

« J’ai fait sortir le véhicule de la cour de l’hôtel. Les personnes que je devais transporter étaient déjà prêtes. Avant même que le capitaine (un pilote de la Minusma) rentre dans le véhicule, un homme a surgi, on ne sait d’où. Il a tout de suite ouvert le feu. La balle a touché un de mes bras. Je suis descendu du véhicule et j’ai couru vers un bureau. Il m’a poursuivi, toujours en tirant dans tous les sens. Tout cela s’est passé dans l’enceinte de l’hôtel « Byblos ». Le capitaine et tous les occupants de mon véhicule, ils se sont tous cherchés. Moi, j’ai couru jusqu’à la sortie pour rejoindre le domicile d’un de nos superviseurs. C’est lui qui m’a transporté à l’hôpital Sominé Dogo« .

Au cours de la même semaine, des individus non-identifiés ont attaqué la brigade de gendarmerie de Baguinéda en brûlant un véhicule et saccageant les bâtiments. Après l’arrivée des forces armées maliennes le calme est revenu dans la localité. Aucun assaillant n’a été arrêté après 4 jours d’enquête et de ratissage de la zone. Selon une source locale les autorités civiles et militaires appellent les populations à la coopération et à la vigilance pour arrêter les assaillants.