Zone de sécurité à Kidal : le gouvernement met en garde la Minusma.
L'entrée de Kidal

Zone de sécurité à Kidal : le gouvernement met en garde la Minusma.

Le gouvernement a mis en garde hier la mission de l’ONU contre « tout traitement inéquitable », après la mise en place d’une « zone de sécurité » autour de Kidal. « Le gouvernement exhorte la Minusma à rester dans son rôle de protection des populations, et de toutes les populations, dans toutes les zones exposées, à l’instar de Kidal, aux mêmes risques d’insécurité », peut-on lire dans le communiqué.

La zone de sécurité, mise en place  » jusqu’à nouvel ordre « , vise à prévenir  » une extension des combats qui pourraient affecter la population de la ville de Kidal « , explique la Minusma. Dans un communiqué diffusé mardi soir, le gouvernement a semblé regretter la mesure, sans toutefois la dénoncer explicitement.
A propos de la zone de sécurité autour de la ville de Kidal, «  le gouvernement exhorte la Minusma à rester dans son rôle de protection des populations « . Il avertit également que  » tout traitement inéquitable produira des effets pervers nuisibles à la recherche de la paix et de la concorde « .
La mise en place de la zone de sécurité a aussi été dénoncée par le Gatia. Selon son secrétaire général, Fahad Ag Almahmoud, elle  » n’a aucun sens et est inapplicable « .
La médiation internationale a également réagi en estimant que les affrontements  » constituent une grave entrave à la mise en œuvre de l’accord d’Alger « . Elle a exprimé  » tout son soutien aux efforts de la Minusma en vue de ramener le calme sur le terrain, ainsi qu’à ceux déployés par le gouvernement malien « .
Le gouvernement dédramatise les conséquences des affrontements entre les groupes armés et refuse de parler de « reprise des hostilités ». Selon lui, « il s’agit d’un conflit communautaire qui n’a pas pu être géré par les mécanismes traditionnels de gestion des conflits ».
Le ministre malien de l’action humanitaire, Hamadou Konaté, s’est exprimé ce matin sur cette question. Il est au micro de Mahamane Almaïmoune.
« Il n’y a pas une reprise des hostilités, parce que la reprise des hostilités ça veut dire que nous revenons reprendre les armes où nous les avions laissées. Il ne s’agit pas de ça. Il s’agit de mésententes ou de discordes qui ont amené même une expression par les armes. C’est de ça qu’il s’agit. Et ce n’est pas non plus une action contre la république ou contre les accords. Ce sont des conflits inter-communautaires qui n’ont pas pu se gérer par les voies traditionnelles retenues pour ça. A ce faire, mais il y a quand même une impatience à voir cela finir. Parce que des vies humaines passent. Des vies humaines perdues dans une situation qu’on pouvait éviter, c’est insupportable ».
La décision de la Minusma suscite un certain nombre d’incompréhension. Pour certains observateurs, « le gouvernement avec la médiation internationale doivent faire des investigations afin de situer les responsabilités et rappeler les uns et les autres à leur engagement ». Toujours selon eux, « la politique définie par la Minusma sans avertir le gouvernement est aussi une entrave à la souveraineté du Mali ».
Pr. Mamadou Samaké chargé de cours à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Bamako joint au téléphone par Mouhamadou Touré.
« A cette phase où on devait commencer le processus de cantonnement pour aboutir au processus de démobilisation, de désarmement et de réinsertion, c’est vraiment une menace pour la paix et la stabilité du Mali. Donc à chaque étape de négociation, les uns et les autres veulent changer l’équilibre des forces sur le terrain. Il appartient maintenant au gouvernement en rapport avec la médiation internationale de faire des investigations afin de situer les responsabilités et rappeler les uns et les autres à leur engagement ».
Faut-il voir en ces affrontements un retour à la case de départ ?
« Il n’est pas souhaitable que ce soit un retour à la case de départ. Nous sommes une grande nation qui a en son sein beaucoup de mécanismes traditionnels qui déroulent peut-être aux mécanismes internationaux établis. Essayons de fouiller à l’interne dans nos propres ressources afin de trouver une solution malienne à cette situation. Parce que la politique définie aussi par la Minusma sans avertir le gouvernement est aussi une entrave à la souveraineté du Mali ».