Après l’annonce par la CMA de se retirer du comté de suivi, la Médiation internationale a appelé hier les groupes armés, qui se sont récemment affrontés dans la région de Kidal, à revenir aux positions qu’elles occupaient avant ces combats et à libérer leurs prisonniers.

Dans un communiqué la médiation, conduite par l’Algérie, « demande instamment aux parties concernées à retourner aux positions qu’elles occupaient à la date du 20 juin 2015 ». Cette date correspond à la signature, par la rébellion, de l’accord pour le retour de la paix dans le Nord conclu à Alger.

Depuis, des combats ont opposé les 15, 16 et 17 août, la Coordination des mouvements de l’Azawad et le Groupe d’auto-défense Gatia. A l’issue des affrontements, la Plate-forme a repris la ville d’Anéfis, en évoquant un bilan de 15 morts dans les rangs de la CMA.

Dans le texte remis hier, la médiation appelle en outre les protagonistes  » à poursuivre la mise en œuvre des mesures de confiance, notamment la libération des personnes détenues « . Un responsable du Gatia, Fahad Ag Almahmoud, a affirmé que son mouvement avait fait « une dizaine de prisonniers » dans le camp adverse, à l’issue des combats de la semaine dernière.

La Plateforme accepte de se retirer d’Anefis. Elle l’a annoncé ce matin lors de la réunion du Comité de suivi qui se tient à Bamako. Toutefois ses responsables demandent à la communauté internationale de designer la partie qui va occuper Anefis. Selon le secrétaire général du Gatia, » ce qui est arrivé «  là-bas « n’a pas de rapport avec l’accord « . Fahad Ag Almamoud est au micro de Barké Cissé.

 » Je précise que la Plateforme a accepté le principe de se retirer d’Anefis tout en laissant le soin à la communauté internationale de donner une réponse satisfaisante à la question de qui occupera Anefis après le retrait de la Plateforme. Pour nous, notre retrait d’Anefis c’est un des tous premiers pas dans le sens de l’application de l’accord. Les premiers travaux des structures du CTS pour faire un peu avancer le processus. Ce qui était malheureusement arrivé n’a pas de rapport avec l’accord. C’est un problème regrettable entre des frères ça c’est passé si vous voulez en marge de l’accord. Les intentions des uns et des autres n’ont rien avoir avec le processus. C’est simple, la CMA pèse plus dans le processus que sur le terrain. Donc c’est là où ils sont forts qu’ils peuvent exiger « .

La médiation se déclare malgré tout optimiste quand au bon déroulement des travaux de la réunion du comité de suivi. Cette rencontre qui a débuté hier à Bamako se poursuivra jusqu’à demain. Selon le représentant de la CEDEAO, la bonne volonté et l’engagement de tout le monde est réel pour aller de l’avant. Quand à la CMA, il pense que ses membres les rejoindront après. Cheaka Abdou Touré est le représentant de la CEDEAO. Il est au micro de Barké Cissé

 » Les travaux se déroulent très bien. Les sous comités ont abouti à des conclusions assez satisfaisantes. Et nous nous sommes rendu compte que le gouvernement a un plan d’action qui concorde assez bien avec les éléments de chronogramme que le comité de suivi avait préparé. Et nous pensons qu’une bonne synergie entre les sous comités et le gouvernement devrait nous permettre de faire du bon travail. Je pense qu’il y a une bonne volonté de travailler ensemble. Il y a l’engagement de tout le monde d’aller de l’avant. Les choses les plus importantes sont à venir. Et vaut mieux attendre cela avec plutôt de l’optimisme que d’être inquiet. La CMA n’a fait que suspendre sa participation, elle ne se retire pas dans le processus c’est ce qui est essentiel. Je sais qu’ils vont rejoindre les autres tôt ou tard. Et nous les attendons avec beaucoup d’impatience « .

Le gouvernement du Mali a également montré son optimisme quand à l’aboutissement de cette rencontre. Selon le ministre de la réconciliation nationale, « cette situation ne doit pas les dévier de leur objectif principal qui est la recherche de la paix pour la population ». Le ministre Zahabi Ould Sidy Mohamed.

«  Ça progresse dans le bon sens et nous espérons qu’ils seront là, à la clôture des travaux de la commission. Je reste optimiste, vous savez un processus de paix est toujours complexe surtout quand il y a des choses qui arrivent sur le terrain mais comme je le dis, le plus important, c’est la volonté des parties. Mais il ne faut pas cela nous dévie de l’objectif essentiel qui est la recherche de la paix pour la population. Et je crois que toutes ces populations souffrent aujourd’hui et aucune des parties n’a le droit de décevoir les populations maliennes parce que tous les maliens veulent la paix. Alors restons optimiste jusqu’au bout et espérons que cette petite crise aussi on va la transcender et que nous irons vraiment vers la mise en œuvre que tout le monde attend « .

La situation reste tendue dans la région de Kidal. De sources locales,  » chacune des parties est en train de se réorganiser sur le terrain « . Écoutez le témoignage de cet habitant qui a requis l’anonymat joint par Assetou Kanté.

 » A Kidal, la situation est un peu tendue, parce que depuis la prise d’Anefis et les affrontements d’Ajerere, les troupes de la CMA sont en train de se réorganiser pour essayer de reconquérir Anefis et de repousser les offensives de la Plate-forme. Donc on nous a dit que les éléments du GATIA et du MAA sont à 70 kilomètres de Kidal (entre Kidal et Anefis). Donc ils sont en train de progresser petit à petit. Tous ces derniers jours on voit des convois lourdement armés de la CMA qui quittent la ville pour aller au front pour essayer de faire un corridor autour de la ville pour qu’en cas d’affrontement, la ville de Kidal ne tombe pas entre leur main. La population est inquiète, parce que les gens trouvent que c’est un affrontement fratricide « .