Travaux du comité de suivi de l’Accord: la reprise sur fond de tension
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Travaux du comité de suivi de l’Accord: la reprise sur fond de tension

Les travaux du Comité de suivi de l’Accord d’Alger devraient reprendre demain à Bamako. Ils avaient été suspendus plusieurs semaines après les affrontements meurtriers survenus en août dernier entre les groupes armés de la Plateforme et ceux de la CMA dans la localité d’Anefis. En prélude à ces travaux, une rencontre des sous-commissions s’est tenue aujourd’hui à Bamako. Mais en fin de journée, les travaux ont été suspendus avec le retrait de la plate-forme et de la CMA.

Pour la réunion de demain, les délégations ont confirmé leur participation et arrivent progressivement à Bamako. Cette réunion du comité de suivi intervient après une rencontre tripartite tenue hier à Anefis. Elle a réuni le gouvernement malien, la CMA et Plate-forme. En août dernier de violents affrontements ont opposé les combattants des groupes armés de la CMA et de la Plate-forme. Depuis, les travaux du Comité de suivi avaient été suspendus. La rencontre tripartite à Anefis avait donc pour objectif de « trouver un consensus » permettant de « relancer les discussions » pour la mise œuvre de l’Accord d’Alger. Les parties se réjouissent de caractère « positif » des échanges et souhaitent une « accélération » du processus de démobilisation et de désarmement.

Pour la réunion de demain, toutes les délégations ont confirmé leur participation.

Selon le porte-parole de la CMA, la rencontre de Bamako « s’inscrit dans le cadre de la pacification de la zone, de la cessation définitive des hostilités, du retour à l’accord et à sa mise en œuvre ». Pour Almou Ag Mohamed, « désormais, des communications directes sont en train de s’établir entre la CMA et la Plateforme». Objectif, dit-il, « corriger le déficit de communication » entre les acteurs du conflit.

De son côté, la plate-forme espère des « discussions fructueuses » à ces travaux. Pour le député de Bourem, Mohamed Ould Metaly, « il faut tourner la page d’Anefis ».

La réunion de Bamako a été précédée aujourd’hui des travaux des sous-commissions. Ceux-ci devraient baliser le terrain pour les discussions de demain.

Pour certains observateurs, la reprise des travaux du Comité de suivi « est une bonne nouvelle ». Mais « elle ne résout pas les questions de fond » dans le processus. Selon ces analystes, « la médiation a la responsabilité de tenir le langage de vérité », mais aussi, estiment-ils, « le chef de l’Etat doit changer de stratégie ».

Pr. Abdoulaye Niang est le directeur du Centre de recherche et d’études stratégiques « Sènè ». Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko.

« C’est une bonne annonce, mais le fond du problème demeure. Je pense que la crise d’Anefis a montré que nous avions raison de dire que la réconciliation n’était pas entre le sud et le Nord, mais qu’elle était entre des groupes sociaux de la communauté des localités de Kidal où il y avait une menace d’inversion des droits économiques acquis sur la base d’une différenciation sociale. Je crains qu’on se soit mis d’accord pour ne pas être d’accord. Ils risquent de se mettre d’accord pour relancer le processus. Mais il faut qu’il y ait un langage de vérité entre nous mêmes, il faut une consultation entre nous mêmes. Si à Anefis ils se sont consultés entre eux, c’était la solution. La médiation est du problème, mais elle est moins dans les solutions. Car il n’y a même pas de coordination entre les actions. Au moment où il y avait la crise à Anefis, ils étaient tous entrain de courir, un à un sans le médiateur, pour aller voir le président de la République. Quelle médiation ! Quelle gouvernance dans une telle médiation ? Comment peut-elle être efficace ? Donc, aujourd’hui je pense que la responsabilité est totalement du côté du président de la République ».

En fin de journée, dans un communiqué conjoint, la Plate-forme et la CMA ont décidé de suspendre leur participation aux travaux des sous-commissions thématiques du Comité de suivi de l’Accord. Les deux groupes armés dénoncent « l’intrusion de nouveaux acteurs dans le processus de mise en œuvre de l’accord ». Cependant, selon plusieurs sources, la réunion de demain est toujours maintenue.