École à Kidal : les jeunes et les femmes s’opposent à l’arrivée du Ministre de l’Éducation
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École à Kidal : les jeunes et les femmes s’opposent à l’arrivée du Ministre de l’Éducation

Annoncée depuis plusieurs jours déjà la rentrée scolaire a été annulée ce matin à Kidal. Une manifestation de protestation a eu lieu dans les rues de la ville. Quelques femmes et des enfants se sont opposés à l’arrivée du ministre pour la cérémonie d’ouverture des classes.

Selon le porte parole de la Coordination des Mouvements de l’Azawad , « ces manifestants n’arrivent pas à accepter l’accord de paix ». Almou Ag Mohamed est joint au téléphone par Assétou Kanté :
« La CMA a donnée son accord. La CMA travaille avec le gouvernement et avec tous les partenaires pour cette rentrée scolaire. Par contre, il y a quelques femmes et enfants qui sont sortis à Kidal pas pour dénoncer la rentrée scolaire, mais pour protester contre l’arrivée de certains ministres qui étaient attendus à Kidal pour la cérémonie de lancement de cette rentrée scolaire. Cette rentrée scolaire ne peut pas être interdite par la CMA. Bien au contraire, c’est la CMA même qui a fixé la date du 19 avec le gouvernement. Mais il y a cette ferveur quelque part populaire, elle s’empare de certaines populations de Kidal qui n’arrivent pas jusqu’à présent à se mettre dans la peau de l’accord et de sa mise en œuvre. Nous pensons que petit à petit, tout doucement ensemble nous y arriverons ».

Une délégation gouvernementale est attendue aujourd’hui à Kidal sans le ministre de l’Éducation nationale. Cette délégation est composée des membres de la CMA et des différentes parties prenantes des accords de paix. Selon le témoignage d’un habitant de Kidal, « ce sont les jeunes du MNLA qui ont manifesté contre l’arrivée du ministre de l’Education nationale ». Assetou Kanté a joint un habitant de Kidal :

« Les jeunes du MNLA ainsi que des femmes ont marché contre l’arrivée du ministre de l’Éducation. Donc la manifestation a eu lieu tôt ce matin. Des pneus ont été brûlés dans les rues, des barricades dressées, ce qui a finalement annulé l’arrivée du ministre. Il parait que la délégation quand à elle, sera là dans la journée à travers un des hélicoptères de la MINUSMA. Mais pour le moment aucune école n’a été ouverte et on ne voit aucun signe d’une ouverture. La délégation gouvernementale sera là mais sans le ministre. C’est une délégation composée aussi de membre de la CMA, c’est une délégation issue des accords. C’est une branche radicale. Ils sont toujours dans leur truc de l’Azawad. Donc ils disent que ce n’est pas le Mali ici donc le ministre n’a rien à faire ici. C’est pour des raisons, on va dire, politiques ».

L’annonce de la rentrée scolaire à Kidal a créé une bouffée d’oxygène chez beaucoup de Bamakois. Malheureusement le boycott par des femmes et des enfants de Kidal crée une incompréhension dans la capitale. Écoutons les réactions de quelques habitants au micro d’Alhousseini Abba Touré.
 » En tant que citoyen malien, je demande au mouvement touareg de laisser le gouvernement revenir à Kidal pour permettre aux enfants d’aller à l’école. Parce que c’est le même pays, un peuple, un but, une foi. Si Kidal est malade, c’est comme si Bamako est malade, et si Bamako est malade c’est Kidal qui est malade. On veut que tous les enfants soient à l’école. Tout le monde ! »
« C’est vraiment désolant. L’autre jour quand j’ai appris la nouvelle comme quoi, les écoles seront ouvertes à Kidal. L’idée m’a vraiment enchanté, j’étais très heureuse pour les enfants. Parce qu’en tant que mère de famille, je suis très passionnément la scolarité des enfants. Donc, ça me tient beaucoup à cœur. J’avais une pensée très large envers ces enfants de Kidal. Si du jour au lendemain c’est boycotté surtout par des femmes en plus, ça c’est vraiment triste et désolant ».
« Le fait d’être hostile au ministre n’est pas une bonne idée. Nous sommes tous réjouis du fait que les écoles vont être de nouveau ouvertes. Ce comportement n’est pas du tout bien. On ne doit pas être hostile à ça. Quelque part ça traîne aussi la mise en œuvre de l’accord de paix. Ce n’est pas bien ».