L’Assemblée nationale proroge le mandat des Conseillers Communaux
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L’Assemblée nationale proroge le mandat des Conseillers Communaux

Le mandat des conseillers des collectivités a été prorogé hier par l’Assemblée nationale suite au vote d’un projet de loi. 112 députés ont voté pour, 5 contre et zéro abstention. Le mandat des conseillers des collectivités est prolongé pour la quatrième fois consécutive. Pour l’instant, aucune date n’est retenue pour les futures élections communales et du district de Bamako.

Selon, le Ministre de la décentralisation et de la reforme de l’État, plus de cent mille maliens réfugiés n’ont toujours pas regagné leur pays. Pour lui, le retour effectif de ces réfugiés s’imposent pour l’organisation des élections prochaines.
Mohamed Ag Erlaf est au micro de nos confrères de l’ORTM :
«Vous savez comme moi qu’on a plus de cent mille maliens à l’extérieur, qui ne peuvent pas décider de qui va gérer leur affaire locale. Donc, le gouvernement a demandé à l’auguste assemblée dans sa sagesse de comprendre qu’il souhaite, qu’il bénéficie d’un temps pour permettre à ces Maliens de revenir, de s’inscrire sur les listes électorales, d’avoir leurs cartes NINA, d’avoir une administration publique sur l’ensemble du territoire national pour surveiller les élections et garantir leur transparence ».

Pour l’association des municipalités du Mali, la prorogation du mandat des conseillers des collectivités est « nécessaire ». Selon ses responsables « il faut respecter le contenu de l’accord de paix qui prévoit le retour des réfugiés et de l’administration au nord avant de passer aux élections communales ». Ils précisent également que les conditions sécuritaires ne permettent pas l’organisation immédiate des élections.
Boubacar Bah est le président de l’association des municipalités du Mali. Il est joint au téléphone par Ayouba SOW :
« L’accord d’Alger stipule qu’il faut se donner un temps pour permettre à tous les acteurs d’être sur place. De prendre les dispositions pour une meilleure gestion, non Seulement du retour de l’ensemble de l’administration d’état sur le terrain, mais de l’ensemble des collectivités, donc de tous les acteurs. Pour les connaisseurs du terrain du nord Mopti à Kidal, vous pouvez faire un sondage, vous verrez le vide absolu, la vacance du pouvoir. Alors, il était important qu’ en toute responsabilité tout ceci soit considérer. Je pense ce que le ministre de la décentralisation et de la reforme de l’état a expliqué clairement aux députes et cela était du point de vue également de l’ensemble de la classe politique malienne. La zone de Dinagourou où on vient de tuer principalement un de nos collègues maires. Vous pensez que ses conditions sécuritaires sont réunies quand on peut tirer sur quelqu’un à Diafarabé et qu’ il a la tranquillité d’esprit pour aller aux urnes avec qui? Quand le service financier, l’administration préfectorale est absente, vous pensez qu’on peut faire des élections dans ces conditions. Je ne le pense pas ».

Pour certains observateurs, la prorogation des mandats des maires est un « coup d’État contre la démocratie ». Ils appellent le gouvernement à organiser les élections dans un bref délai pour permettre au Mali de « revenir au concept des nations démocratiques », car aucun chronogramme n’a été présenté pour l’organisation des prochaines élections.
Ibrahima Sangho est le président de l’observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« C’est un coup d’état contre la démocratie parce que le mandat des maires devait finir depuis fin avril 2014, il devrait avoir des élections, mais le gouvernement a procédé à 4 reports du mandat des maires, ça leur fait un mandat de 7 ans au lieu d’un mandat de 5 ans réglementaire. Nous pensons que cela n’est pas bon parce que quand on dit démocratie, on dit élection et tant qu’il n’y a pas d’élections il n’y a pas de démocratie ».

Vous avez dénoncé le report de ces élections, est-ce que cette prolongation du mandat des maires pourrait susciter un autre problème ?

« Le problème que ça soulève, c’est que le Mali n’est plus crédible parce qu’un pays qui n’arrive pas à organiser les élections n’est plus un pays démocratique. C’est ça le problème principal. On essaie de prolonger les mandats mais ça ne résout pas la question ».

Quelles propositions faites-vous ?
«Nous avons proposé que le gouvernement fasse un chronogramme clair des élections régionales communales et locales pour qu’on revienne dans le concept des nations. Aucune date n’est fixée, c’est ça qui est trop grave. Le gouvernement est entrain de ne pas répondre aux aspirations du peuple malien ».