Attaque d’un hôtel à Bamako: le Mali décrète l’état d’urgence
L'hôtel où a eu lieu l'attaque d'hier

Attaque d’un hôtel à Bamako: le Mali décrète l’état d’urgence

21 morts, dont deux assaillants et 7 blessés, c’est le bilan officiel de l’attaque perpétrée hier contre l’hôtel Radison de Bamako. Selon le ministre de la sécurité intérieure, « aucun assaillant n’a pu s’échapper » au cours de l’assaut. Le gouvernement du Mali, qui s’est réuni dans la soirée en Conseil des ministres extraordinaire, a décrété l’état d’urgence pendant 10 jours, un deuil national de trois jours à partir de lundi.

Cette attaque est intervenue alors que le président IBK prenait part à la réunion du G5, à N’Djamena, sur la sécurité dans le Sahel. Le chef de l’Etat malien, qui a donc écourté sa visite, a convoqué d’urgence un conseil des ministres extraordinaires dans la soirée. Parmi les décisions prises à l’issue de ce conseil : l’instauration de l’état d’urgence pendant 10 jours à partir de vendredi, la mise en berne des drapeaux sur l’ensemble du territoire, les ambassades et consulats, un deuil national de trois jours a été décrété à compter du lundi 23 novembre.

Hier matin un commando, à bord d’un véhicule 4×4, d’immatriculation diplomatique, s’est arrêté devant l’hôtel Radison de Bamako. Plusieurs nationalités figuraient parmi les clients. Deux hommes armés font irruption dans l’établissement, tuant plusieurs personnes, avant de prendre les occupants en otage. Quelques minutes après, les forces spéciales maliennes lancent l’assaut. Elles tuent deux assaillants, et libèrent les otages. L’opération a duré plusieurs heures.

Cette attaque, qui intervient une semaine après celle de Paris, a été revendiquée par le groupe Al-Mourabitoune de l’algérien Moktar Bel-Moktar. Sa tête avait été mise à prix pour 20 millions de dollars par les Etats unis. En début de semaine, dans une vidéo, le chef du groupe jihadiste Ançar-Dine appelait à la « guerre sainte » en demandant de « s’attaquer à la France ». Pour certains observateurs, « il n’y a pas de doute : il existe un lien entre les attaques de Paris, et les événements de Bamako ».

La France, qui intervient au Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane, a envoyé une quarantaine d’éléments du GIGN aux côtés des forces maliennes.

Pour certains observateurs « l’attaque du vendredi était prévisible sur le sol malien ». Certaines analyses n’écartent l’hypothèse d’une « complicité avec les assaillants ». Lesquels pourraient être en fuite.

Parmi donc les principales décisions issues du Conseil des ministres extraordinaires de vendredi, figure l’état d’urgence décrété par le gouvernement. Pour les juristes, « il s’agit d’une mesure exceptionnelle prévue dans la Constitution face à des situations d’exception ». La dernière fois où le Mali a instauré cette mesure c’était en mars 2012 après le coup d’Etat contre le président Amadou Toumani Touré.

Maitre Amadou Tiéoulé Diarra est avocat au Bareau malien. Il explique la teneur de l’état d’urgence au micro de Idrissa Sacko :

« L’état d’urgence est une situation dans laquelle les compétences traditionnelles qui étaient réservées à certaines autorités administratives, notamment les pouvoirs de police, seront conservées par les mêmes autorités. Mais on les accroît, si vous voulez on les augmente, on les fait déborde pour les besoins de la mise en place de ce qu’on estime avoir été déplacé comme ordre. Cela se fait sans pour autant que ce soit forcement l’hypothèse de l’article 50 où on parle du pouvoir de crise du président de la République. Ce n’est pas tellement ça, parce que l’état d’urgence est visé par une disposition constitutionnelle. C’est en une phrase que la Constitution autorise le président de la République à recourir à l’état d’urgence ».

Après l’attaque de l’Hôtel Radisson de Bamako par des Djihadistes hier, le président de la République s’est rendu sur les lieux ce matin. Il était accompagné du Premier Ministre, Modibo Kéita. Ibrahim Boubacar Kéita a sillonné l’intérieur de l’Hôtel, avant de saluer « le professionnalisme » des forces de sécurité maliennes. Pour lui, « le terrorisme n’a pas de frontière ».

L’attaque terroriste de vendredi a fait 7 blessés. 6 sont actuellement pris en charge aux urgences de l’hôpital Gabriel Touré. Le président IBK leur a rendu visite ce matin. Et selon le directeur de l’établissement, « leurs vies ne sont pas en danger ».

La justice malienne a, de son côté, aussitôt ouvert une enquête pour, dit-elle, « établir toute la lumière » sur les faits. Selon Boubacar Sidiki Samaké, procureur au Pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, cette enquête est conduite par une équipe composée de Maliens et de représentants d’autres pays partenaires, dont la France.

Le ministre de la sécurité et de la protection civile en compagnie de son homologue de la défense et des anciens combattants a animé cet après-midi une conférence de presse pour faire le point sur les premiers résultats des enquêtes sur la prise d’otages de l’hôtel Radisson. Pour le ministre « aucune piste n’est à négliger dans l’enquête ».

Colonel Salif Traoré, ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile, au micro de Ayouba Sow.

« L’hôtel a été fouillé et refouillé jusque tard dans la nuit et nous sommes en mesure de confirmer que le bilan de cette tragédie est de 21 victimes, dont 18 clients, 2 terroristes et un membre du personnel des forces spéciales maliennes, qui a perdu la vie au cours de l’action.

On a 7 blessés. Du coté des forces de sécurité, nous avons parmi les blessés trois policiers des forces spéciales, qui ont été légèrement blessés. Du coté des assaillants, nous avons neutralisé deux terroristes. Disons comme ça, puisque le mode opératoire est terroriste. Maintenant il y a beaucoup de commentaires par rapport aux revendications. En ce moment-ci nous ne pouvons pas vous dire exactement qui est derrière ses attentats. Les enquêtes ont commencé depuis hier matin. Effectivement, les deux présumés sont de peau noire et plutôt jeunes. C’est tout ce que nous pouvons vous dire pour le moment. Les enquêteurs sont sur l’affaire depuis hier matin avec la police scientifique et technique, avec l’accompagnement de certains partenaires stratégiques. Jusque-là, les faits ne nous permettent pas de dire si tel véhicule a servi à ça, qui était dans tel véhicule. Tous les véhicules qui ont été mentionnés, sont entre les mains de la police scientifique depuis hier. Elle est en train d’analyser ».