Processus de paix : les groupes armés n’excluent pas le dialogue avec les jihadistes
L'influence djihadiste en Afrique de l'Ouest

Processus de paix : les groupes armés n’excluent pas le dialogue avec les jihadistes

La question du dialogue avec les groupes terroristes a été évoquée à maintes reprises à différentes étapes du processus de paix au Mali. Aujourd’hui des groupes armés évoquent le dialogue avec les mouvements jihadistes. Certains de leurs membres estiment qu’il « faut laisser une porte ouverte à tous les combattants terroristes qui veulent déserter les rangs des jihadistes et s’inscrire dans le processus de paix ».
Les deux mouvements ont fait part de leur position hier dans notre émission le « Grand Dialogue ». Le colonel Idriss Hamaha représentait la Coordination des Mouvements Armés de l’Azawad :

« Certes on doit pas discuter avec des gens qui ont du sang des maliens sur la main. Il ya un moment où il faut parler à retrouver les maliens qui ne sont pas tous méchants. Des maliens qui peuvent ,qui sont partis parce que ils n’en peuvent plus. Qui sont énervés à cause de beaucoup de choses. Moi mon avis personnel, il faut parler et trouver des solutions pour le peuple malien. Mais parler avec qui, comme Iyad ag Agaly ? Iyad ag Agaly il ne faut pas oublier qu’il est malien et beaucoup de gens ont peur de le dire . C’est un malien peut être avec qui il faut discuter. C’est la responsabilité du Président de la République ».
La Plateforme au même titre que la CMA, estime qu’il « faut laisser une porte ouverte à tous les combattants terroristes qui veulent déserter les rangs des jihadistes et s’inscrire dans le processus de paix ». Firhoune Maïga représentait la Plateforme hier lors du « Grand Dialogue » :
« Iyad c’est quelqu’un qui a une vision. Mais rappelez-vous de ce que l’Algérie a su comme problème. Pendant combien d’année le GSCP ,les Madanies tous ces gens là s’étaient des islamistes encore pire plus durs que Iyad. Mais qu’est ce que l’Algérie a eu comme opportunité, comme façade ils ont rencontré des problèmes . Aujourd’hui ils sont en Algérie, certains sont en Algérie librement. Comment ils sont arrivés , il faut aller a une école. Je ne pense pas qu’il faut fermer la porte. Je sais que la position de la communauté internationale est connue. On discute pas avec des jihadistes ça ils le disent . Mais la communauté internationale est la communauté internationale, il faut qu’ils comprennent . Quelques part il faut que le Mali s’en sorte. Je pense que le Mali a ses ressorts ».
Selon des observateurs, le dialogue avec les jihadiste représente deux grand dangers. D’abord le risque ethnique lorsqu’il s’agira de faire le tri parmi les jihadistes et le risque que la région de Kidal ne jouisse d’un statut particulier.
André Bourgeot, est Directeur de Recherche au CNRS et spécialiste du Sahel :
« Je n’arrive pas à comprendre pourquoi il faudrait négocier uniquement avec Ançare Dine qui est un groupe armé qui se réclame du salafisme jihadiste. Pourquoi ne pas négocier avec El Mourabitoune ? Et en troisième lieu, pourquoi ne pas négocier avec Amadou Koumfa qu’on présente comme étant le leader du Front de Libération du Macina qui de mon point de vue, est une excroissance d’Ançare Dine que le leader du Front de Libération du Macina. C’est quand même des questions extrêmement importantes, pourquoi négocier uniquement avec des Kel Tamasheq ? Si tel en était le cas, cela voudrait dire qu’il y aurait un processus qui pourrait, c’est au conditionnel, qui pourrait conduire au fait que la région de Kidal serait porteuse d’un statut particulier, par rapport au contenu des accords de paix d’Alger, parce que là on peut dire que quelque chose se dessine. En premier lieu, le rapprochement Plateforme-CMA et en deuxième lieu qu’il faut négocier avec Iad Ag Aly même si il a une certaine influence sur l’Adrar des Ifoghas et peut être plus sur l’ensemble du septentrion malien, il y a aussi d’autres groupes, donc je ne m’explique pas tellement cette position ».