Attaque contre la Minusma à Kidal : le bilan s’alourdit, calme précaire sur la ville
Minusma à Kidal

Attaque contre la Minusma à Kidal : le bilan s’alourdit, calme précaire sur la ville

Le groupe du chef jihadiste malien, Iyad Ag Ghaly, a revendiqué l’attaque perpétrée hier contre le camp de la Minusma à Kidal. Il l’a fait savoir dans un communiqué diffusé vendredi par l’agence de presse privée mauritanienne Al-Akhbar. Cette attaque qui a fait 6 morts parmi les casques bleus est intervenue quelques heures après la visite du représentant spécial de l’ONU au Mali dans la région. Un calme précaire règne aujourd’hui dans la ville, mais les populations vivent dans l’angoisse d’éventuelles attaques terroristes.

Le groupe Ançar-dine affirme avoir fait «exploser son véhicule chargé d’explosifs au sein de la base appelée Kandi ». Située au cœur de Kidal, cette base abrite les forces françaises de l’opération Barkhane et celles de la Minusma.
L’attaque du vendredi a fait au moins six morts parmi les casque bleus. Hier, dans un communiqué, la mission de l’ONU au Mali a déploré 3 morts une trentaine de blessés. Le bilan de l’attaque s’est donc alourdi.
Dans la même journée, une autre attaque a été perpétrée contre les forces armées maliennes dans la région de Tombouctou. Une patrouille de l’armée est tombée dans une embuscade à 35 kilomètres de Tombouctou, sur la route de Goundam. Selon des sources militaires, l’attaque a fait 3 morts et 3 blessés du côté des forces armées.
Le président IBK, qui recevait son homologue allemand, a condamné cette attaque, qu’il a qualifiée de « lâche agression ». Pour le chef de l’Etat malien, ce cycle de violence ne peut perdurer.
A Kidal ce matin calme précaire semble régner dans la ville, mais selon des sources sur place, les populations vivent dans l’angoisse d’éventuelles attaques terroristes.

La attaque de vendredi a provoqué la psychose à Kidal. Les populations ne se sentent plus en sécurité, selon certains habitants. Ils regrettent qu’après l’attaque « aucun dispositif n’ait été mise en place pour renforcer la sécurité ». A Kidal, les populations réclament « la mise en place rapide d’une commission de défense composée des groupes armés et de l’armée malienne pour mieux sécuriser la ville ».
Ecoutons cet habitant de Kidal joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Les attentats d’hier ont beaucoup touché la population du point de vue de la perte. Quand le véhicule, qui était bourré d’explosifs, a explosé au niveau du camp. L’impact de l explosion a provoqué une onde de choc. Il a atteint les maisons jusqu’à trois kilomètres, même au delà. Les fenêtres des maisons qui étaient fermées se sont brusquement ouvertes. Cela a créée une panique générale et a eu un impact psychologique sur les gens ».
Comment la population et les groupes armées encaissent-ils cette revendication d’Iyad ?
« Pour la revendication tout le monde le savait, mais les gens attendaient seulement la confirmation. Les populations veulent que la Minusma et Barkhane soient plus opérationnelles. Le Gatia est présent à Kidal il y a plus de deux semaines, nous ne voyons rien de nouveau sur le plan sécuritaire ».
Quels dispositifs ont été mis en place ?
« C’est la CMA qui tient les quatre chek-pointes de la ville. Les assaillants d’hier qui ont attaqué, sont rentrés par ces check-pointes. A Kidal, les gens veulent que le comité qui est chargé de regrouper de l’armée malienne, les groupes armées pour les patrouilles mixtes, soit vite mis en place ».

Après l’attaque d’hier à Kidal, la rencontre synthétique prévue entre la CMA et la plate-forme a été reportée au 23 février. Cette rencontre qui devait avoir lieu lundi prochain, vise la mise en place d’une commission de sécurisation de la ville de Kidal par les deux mouvements armés. Pour l’instant, chacun des mouvements se contente de sécuriser la zone qu’il occupe.
Fahad Ag Almahmoud est un des responsables du Gatia. Il a été joint par Ayouba Sow :
« Pour le moment, on se contente de sécuriser la partie où nos troupes sont présentes dans la ville. Nous sommes vers le côté Nord de la ville. Chacun va sécuriser là où il se trouve. Il doit avoir une entente de coordination qui n’a pas encore eu lieu, mais chacun doit sécuriser actuellement là où il se trouve».
Est-ce que la rencontre du 15 février aura lieu ?
« Je ne pense pas. La rencontre du 15 février a été reportée, pour le moment, faute de moyens et ayant entraîne beaucoup d’engagements dans les agendas. Pour le moment, la date retenue, c’est le 23 février. Il y a une présence de quatre acteurs différents, Barkhane, Minusma, CMA et plate-forme. Si chacun sécurisait normalement la zone où il se trouve et que les gens de la Minusma et de Barkhane font un peu d’efforts pour sortir du camp, la ville pourrait être sécurisée ».

C’est donc dans ce contexte sécuritaire tendu que le Président de la République Fédérale d’Allemagne a effectué ce vendredi une visite de travail de 24 heures au Mali. Joachim Gauck a rencontré le président IBK. Au cours de leur rencontre avec la presse, les deux chefs d’Etat ont abordé les questions relatives à la lutte contre le terrorisme et le retour de l’administration malienne sur l’ensemble du pays. Le président Allemand a également annoncé l’accompagnement de son pays pour la mise en œuvre de l’accord paix. Il y a donc quelques jours, le Parlement allemand a approuvé l’envoi de 650 soldats au Nord du Mali dans le cadre de la mission de l’ONU.