La France réaffirme son engagement dans la lutte anti-terroriste
Manuel Valls et Jean Yves Le Drian en février dernier à Gao (crédit AFP)

La France réaffirme son engagement dans la lutte anti-terroriste

Au lendemain d’une nouvelle attaque d’Aqmi en Côte d’Ivoire , la France a réaffirmé sa volonté d’aider les pays de la région à se doter de capacités antiterroristes. Ce nouvel engagement est présenté comme la troisième phase de l’intervention française dans le sahel commencée il y a trois ans avec l’opération Serval.

La multiplication du mode opératoire des trois attaques de Bamako, Ougadougou et de Grand-Bassam pose question aux responsables militaires français à l’heure où quelques 3.500 de ses soldats sont déployés dans la bande sahélo-saharienne dans le cadre du dispositif Barkhane de lutte contre les groupes armés jihadistes. Le ministre français de la défense a admis dimanche que les groupes jihadistes ne sont plus structurés » comme avant et équipés de pick-ups ». Pour lui il s’agit de « terrorisme à l’ancienne où quelques individus cherchent à faire le maximum de victimes « . Face à ce constat la France souhaite  » aider les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) à lutter contre cette nouvelle forme de terrorisme à laquelle ils ne sont pas habitués « . Le ministre français estime que « les groupes armés terroristes sont dans un nouveau type de fonctionnement qui résulte de l’ampleur des opérations menées par Barkhane l’an dernier « . En fait les autorités française souhaitent donner un prolongement à leurs opérations au Mali en dotant les pays de la région de capacités antiterroristes qu’ils n’ont pas aujourd’hui.

Après le Mali le Burkina, Al Qaida au Maghreb islamique a frappé une nouvelle fois ce dimanche en Côte d’Ivoire faisant près d’une vingtaine de victimes. C’est le troisième attentat dans trois pays de la région revendiqué par l’organisation terroriste très active dans le sahel. Selon certains observateurs cette nouvelle attaque est « la preuve de la capacité d’AQMI à s’exporter en dehors de la région sahélienne ». Ces analystes estiment aussi qu’une coopération entre les pays de la sous région s’impose aujourd’hui pour faire face au terrorisme.

Baba Dakono est chercheur, il était l’un des invités de l’émission Grand dialogue d’hier:

 »Un peu partout dans le monde aujourd’hui les terroristes frappent mais on parlait spécifiquement de Aqmi qui aujourd’hui, a eu cette audace, cette capacité à agir en dehors de cette zone sahélienne, zone à la quelle il était habitué et zone dans la quelle il pouvait agir de façon tout à fait quasi normale. Avec le Nord du Mali et certains autres postes comme base arrière, aujourd’hui qu’ils aillent au de là de ça. C’est ce que je disais ça démontre aujourd’hui la capacité d’Aqmi à s’exporter en dehors de cette région sahélienne. Et ça rappelle combien il est important de coopérer non seulement au niveau des pays, mais de mettre le dispositif de renseignement au cœur de ces stratégies en plus d’autres pans qui doivent être relevés dans la lutte anti-terroriste. »

Après hôtel Radisson de Bamako, et le Splendide à Ouagadougou, un attentat terroriste a visé ce week-end Grand Bassam, une zone balnéaire située à une quarantaine de kilomètres d’Abidjan . L’attaque a fait 20 victimes dont 2 membres des forces de l’ordre selon un dernier bilan . André Bougeot chercheur au CNRS estime que les jihadistes peuvent attaquer « quand ils veulent ». Selon lui  » d’autres capitales de l’Afrique de l’ouest ne sont pas épargnées « .

André Bougeot est joint par Oumar Waïgalo :

« Ce n’est pas complètement surprenant d’une part, d’autre part j’observe que ces attentats sont de plus en plus rapproché et ça concerne des cibles où il y a une multiplicité de nationalités. Je crois que ce dernier aspect est important. Dans le cas d’Abidjan il y avait des français des allemands des ivoiriens etc. Si on prend une profondeur historique à peu près sur six mois on voit bien qu’il y a une extension rapide qui touche les pays frontaliers au Mali. Ca a été le Burkina maintenant la Côte d’Ivoire on peut effectivement aussi imaginer en fonction des contextes politiques que quelque chose risque d’intervenir au Niger qui est déjà confronté aux pratiques de Boko Haram. Ca aurait tendance à aller en se sens parce que il font la démonstration qu’ils peuvent intervenir comme ils veulent là où ils veulent avec qui ils veulent. En tout cas ça ne sera pas surprenant que prochainement peut être dans les semaines qui viennent il y ait quelque chose qui se passe au Sénégal. »

Le gouvernement malien a publié un communiqué sur le drame de Grand Bassam. Parmi les 20 victimes de l’attentat figure un malien. La Côte d’Ivoire a entamé un deuil national de trois jours qui a débuté ce lundi.