Marche de l’opposition : « Les 32 mois du mandat d’IBK ont été un fiasco de gouvernance »
Les responsables de l'opposition en première ligne de la marche

Marche de l’opposition : « Les 32 mois du mandat d’IBK ont été un fiasco de gouvernance »

Des milliers de Maliens sont sortis battre le pavé ce matin à Bamako pour répondre à l’appel à la marche de l’Opposition politique. Cette marche qui avait été reportée la première fois pour des raisons de santé du président de la République, a mobilisé aujourd’hui toutes les couches de la société malienne. Du leader politique au citoyen lambda, tous condamnent l’insécurité, l’absence de l’état à Kidal, la cherté de la vie, le chômage, les coupures d’eau et d’électricité ou tout simplement la mauvaise gouvernance. Les responsables de l’opposition réclament « l’organisation des assises nationale et le retour de l’ancien président Amadou Toumani Touré».

Tiébilé Dramé est le président du parti politique PARENA, membre de l’opposition. Il est au micro de Ayouba Sow :

« Des dizaines de milliers de Bamakois sont sortis pour dire ras-le-bol des coupures d’électricité, ras-le-bol des pénuries d’eau, ras-le-bol du manque de travail pour les enfants, ras-le-bol de la mauvaise gestion, de la dilapidation des ressources publiques. Savez-vous combien coûte un pick-up acheté aujourd’hui à Bamako au compte de l’État ? 44 millions, 54 millions de surfacturations, pendant que le peuple manque de tout. Pendant qu’il n’y a pas d’électricité, qu’il n’y a pas d’eau, ils détournent des dizaines de milliards. Les trente-deux mois du mandat d’IBK ont été un fiasco de gouvernance au Mali. Nous l’avons dit et redit, le président de la République et son gouvernement sont atteint d’une maladie, une maladie plus grave que la parathyroïde. Cette maladie, c’est l’autisme. Ils n’entendent rien, ils ne voient rien. Nous invitons le président et son gouvernement à entendre le peuple. Nous leur invitons à organiser des assises nationales, des concertations nationales, pour qu’ensemble on puisse redresser ce qui doit être redressé. Pour qu’ensemble on puisse éloigner la famille des affaires de l’État. Pour qu’ensemble on mette fin à la mauvaise gouvernance ».

Ces difficultés sont aussi décriées par plus d’une centaine d’associations de la société civile qui ont répondu présents à ce mouvement de l’opposition. Elles réclament toutes l’amélioration des conditions de vie des Maliens. Au cours du rassemblement on pouvait lire sur leurs pancartes des slogans suivants : « on en a marre » , « trop c’est trop » , « nous sommes fatigués ».
Mme Diop Adam Niamé Bah est la présidente de l’association Gnoumankè. Elle est au micro de Ayouba Sow :
« Là où on est aujourd’hui, on est fatigué. On a faim , on a soif , on a chaud. Je demande à Monsieur le président de la République de rester un peu au pays pour faire face aux problèmes quotidiens des Maliens. Je lui lance vraiment un vibrant appel en disant que les Maliens sont fatigués aujourd’hui. Un pays sans électricité ne peut pas participer au développement. Aujourd’hui on n’a pas d’électricité, les enfants n’arrivent pas à apprendre leurs leçons. Ils n’arrivent pas à dormir pour avoir le lendemain un esprit saint afin de bien étudier à l’école. C’est à 5 heures du matin qu’on bénéficie de l’électricité. Il n’y a pas de charbon, le gaz butane est à 3500 francs. Il faut que le gaz butane soit subventionné. On ne peut pas charger le gaz butane à 3500 francs pour une semaine alors qu’il n’y a pas de charbon sur le marché. Je suis donc sortie pour montrer mon mécontentement à Monsieur le président et c’est pour cela que j’ai attaché un foulard rouge sur la tête. Les personnes âgées sont fatiguées. Il n’y a pas d’électricité dans les hôpitaux, les gens meurent. On est fatigué et on réclame notre Kidal. Kidal est pour le Mali et restera pour le Mali. Donc franchement, on est fatigué. On a faim, on a soif et on a chaud ».

Cependant les responsables de la majorité présidentielle estiment que l’opposition est tout à fait dans son droit de critiquer les actions gouvernementales, mais toutefois, ils déplorent le fait que les critiques de l’opposition ne sont pas assorties des propositions concrètes et constructives. Les élus de la majorité estiment que « des efforts énormes ont été consentis par le gouvernement dans l’amélioration de la condition de vie des citoyens et dans la bonne gouvernance ».

Zoumana N’Tji Doumbia est député de majorité. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Il est déplorable que l’opposition ne propose absolument rien, tout ce qui a été dit ce matin n’est assorti d’aucune proposition concrète ».
Au cours du rassemblement, les citoyens dénonçaient la cherté de la vie, la mauvaise gouvernance, les coupures intempestives d’eau et d’électricité. Comment entendez-vous résoudre ces problèmes ?
« Par rapport à la gouvernance, on doit tirer chapeau au gouvernement. Tout dernièrement le Fonds Monétaire International a certifié quand même que le gouvernement du Mali a fait de gros efforts pour assainir la gouvernance.
Nous avons été les premiers à tirer sur la sonnette d’alarme pour dire qu’il y a des coupures intempestives d’électricité. Le gouvernement a pris le problème à bras le corps en signant un contrat avec une entreprise mais qu’à cela ne tienne, nous avons aussi interpellé le ministre de l’Énergie à l’Assemblée nationale, qui nous a donné les garanties nécessaires que tout sera fait d’ici au mois de juin pour que les gens puissent avoir l’électricité. Quant à la cherté de la vie, je ne sais pas de quelle cherté ils parlent. Je pense que le gouvernement fait d’énormes efforts par rapport aux denrées de première nécessité. Même l’autre jour nous avons aperçu la direction du commerce et de la concurrence qui est partie au marché pour exiger la fixation des prix. »