Mise en œuvre de l’Accord : la France accuse le HCUA de « proximité avec Ançardine »
Le Premier ministre français et son ministre de la défense lors d'une visite au Nord du Mali (crédit AFP)

Mise en œuvre de l’Accord : la France accuse le HCUA de « proximité avec Ançardine »

Paris met en cause le HCUA, Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad. Selon les autorités françaises, ce mouvement complique le retour à la stabilité dans le nord du Mali par son « double jeu » avec les jihadistes d’Ansar Dine. Le HCUA récuse cette accusation et affirme n’avoir « aucun lien » avec un groupe jihadiste.

Des sources au sein du ministère français de la défense ont exprimé les préoccupations et l’agacement des autorités françaises face au « double jeu du HCUA ».
Selon ces mêmes sources proches du ministre, le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad « bien qu’étant un des groupes signataires des accords d’Alger, n’hésite pas à afficher une forme de proximité avec Iyad Ag Ghali et Ansar Dine. Cette proximité, constatent-elles, se manifeste tant sur le fond que sur les éléments combattants ».
Le HCUA est considéré comme étant constitué de dissidents d’Ansar Dine, le groupe terroriste dirigé par Iyad Ag Ghali. Le mouvement fait désormais partie de la Coordination des mouvements de l’Azawad, CMA, qui a signé l’accord de paix d’Alger il y a un an pour mettre fin au conflit au Mali.
Toujours selon des sources proches du ministre de la défense, si le double jeu devait être « toléré trop longtemps, la recherche de solutions sera compliquée ».
Le HCUA récuse cette accusation et affirme n’avoir « aucune lien » avec un groupe jihadiste. « Nous avons donné suffisamment la preuve que nous ne sommes pas liés à Ançar-Dine ni à un autre groupe terroriste », a déclaré une responsable du HCUA, joint par notre rédaction.
A côté d’Ançardine, d’autres groupes jihadistes sévissent sur le territoire du pays, notamment dans le centre où le Front de Libération du Macina a revendiqué un certain nombre d’attaques terroristes. Pour autant le chercheur malien, Boukary Sangaré émet des doutes quant à l’existence de ce groupe jihadiste. Selon lui, le délitement de l’État et l’injustice ont poussé une partie de la communauté peule à prendre les armes pour « se faire entendre ».

Boukary Sangaré est anthropologue et auteur d’une étude sur la question peule dans le centre du Mali pour le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité. Il est au micro de nos confrères de RFI :
« Je me méfie beaucoup de ce qu’on dit sur un Front de Libération du Macina qui existe dans la région de Mopti. Je pense qu’il y a des communautés peules, pasteurs nomades dans cette région qui sont très frustrés et qui ont un problème d’accès à la justice depuis avant la crise de 2012 et qui ont de sérieux problèmes avec leurs propres élites au niveau local. Donc ce sont ces frustrés qui ont eu accès aux armes en 2012 avec l’occupation de la région par le MUJUAO, et qui sont en train de régler aujourd’hui leurs comptes dans le centre du Mali. Vous savez, un de mes informateurs m’a expliqué qu’avec le MUJUAO « nous avons connu la justice ». Donc avec l’occupation de la zone en 2012 par ce groupe, ils ont connu la vraie justice. Et donc ce sont des gens qui réclament la justice, l’égalité. Ils ne sont pas totalement contre l’État, ils ne sont pas totalement des radicaux, ils ont des choses à réclamer à l’État malien. Ces gens ont pris les armes en 2012, ils ont vu que c’est aussi possible d’avoir accès au pouvoir d’être crains par d’autres communautés. Et donc je crois qu’ils ont un peu la nostalgie de ce qui s’est passé en 2012».