Des voix dénoncent la création du mouvement politico-militaire peulh
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Des voix dénoncent la création du mouvement politico-militaire peulh

Un mouvement politico-armé de défense des Peuls au Mali vient d’être créé. Appelé Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peuhle et la restauration de la justice, le mouvement se fixe comme objectif la défense des civils peuls victimes d’exactions. Selon ses responsables, l’organisation n’est ni jihadiste ni indépendantiste.

Cependant à Mopti, zone à majorité peule, certains élus se demandent « ce que les autorités attendent pour réagir face à cette déclaration de création d’un mouvement politico-armé peul ». Selon eux, « Oumar Al Janna devrait être arrêté et emprisonné ».

Joint par notre rédaction, Al Janna a déclaré que leur objectif est « de protéger les civils peuls injustement attaqués ». En réponse à cette déclaration, un élu de la région de Mopti estime que si aujourd’hui l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice « s’arme pour prétendre défendre la cause des peuls », alors demain une autre ethnie du Mali risque de faire pareil. Ce qui serait regrettable, selon lui.

Toutefois Aldiana précise que leur « premier ennemi sur le terrain est l’armée malienne » qui, selon lui, arme des milices contre les pauvres civils peuhls. Le secrétaire général affirme qu’en plus de ces 700 combattants sans compter les nouvelles adhésions, l’alliance bénéficie des soutiens d’hommes politiques maliens mais aussi de la diaspora peuhle sans donner de noms.

Les responsables du mouvement dénoncent l’incapacité de l’Etat et l’association Dental Pulaku dont elle s’est retirée à mettre fin aux exactions perpétrées contre les civils peuhls. Ils demandent aussi l’ouverture d’une enquête internationale pour faire la lumière sur le massacre des peuhls par les bambaras lors des récents affrontements intercommunautaires dans le cercle de Ténenkou.
Oumar Aldiana est le président du mouvement armé. Il est joint au téléphone par Sékou Gadjigo :
« Vu l’amalgame et le génocide commis contre les peuls par le Mali. Et vu que la simple milice qui a voulu exterminer ces peuls a dénoncé officiellement, devant la délégation venue de Bamako sur les lieux, qu’elle a été armée par le gouvernement. On a beaucoup souhaité d’être sollicité sur cette question et qu’il y ait une enquête ouverte à l’étranger, le Mali n’a jamais voulu répondre. Ils ne font que multiplier les rencontres intercommunautaires qui n’arrangent pas les problèmes. Finalement nous forte jeunesse, nous une large jeunesse, soudée, avons décidé de prendre la relève. Et nous ne sommes pas en guerre seulement contre cette milice, nous sommes en guerre contre toute personne qui tourne son canon vers un peulh.
C’est à défaut de la compétence de l’association « Dental Pulaku » que nous jeunesse on s’est retiré avec les autres jeunesses de différentes organisations ou de différents endroits peulhs pour défendre la cause peulh et nous avons décidé de créer un mouvement politico-militaire pour défendre la cause peul ».

Pour certains analystes, les autorités devraient prendre la création de ce mouvement au sérieux. Ces observateurs estiment aussi que l’armée malienne qui est menacée par ce groupe armé devrait prendre des mesures pour faire face à la situation, notamment en renforçant la vigilance sur le terrain.

Serge Daniel, journaliste écrivain, est joint au téléphone par Imirana Kilou Maïga :
« Si ce mouvement armé veut s’en prendre à l’armée nationale il n’y a pas deux mille manières, la seule manière par laquelle elle va procéder c’est une guerre asymétrique donc ça peut être des embuscades, des attentats. Et j’espère que l’armée malienne de son côté a pris des mesures qu’il faut pour faire face à la situation. Renforcer la vigilance sur le terrain, mais surtout, surtout être très informé de ce qui se fait, de ce qui se trame sur les routes principales routes mais également sur les routes secondaires.
Il dit qu’il a 700 combattants, il faut voir s’il a tout ce monde effectivement. Ensuite il faut voir comment il va opérer sur le terrain. Est-ce qu’il peut cohabiter, c’est-à-dire est-ce qu’il peut combattre d’un côté l’armée malienne et de l’autre côté les jihadistes, puisqu’il dit qu’il n’est pas du tout jihadiste. Là, c’est une autre question à mon avis ».