Selon une ONG britannique, l’armement des groupes du nord  vient en partie de l’armée
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Selon une ONG britannique, l’armement des groupes du nord vient en partie de l’armée

L’organisation britannique Conflit Armament Research, vient de publier son rapport sur les transferts d’armes dans le Sahel. Selon ce rapport, les mouvements armés maliens ont utilisé une proportion croissante d’armes lourdes obtenues à partir des stocks de l’armée malienne, privilégiant le matériel récupéré localement à celui acheminé à partir de sources libyennes ou étrangères.

L’ONG a travaillé dans une dizaine de pays, dont le Mali, pour établir une cartographie des flux d’armements dans la région. La guerre en Libye a amplifié les transferts d’armes notamment à travers un grand nombre de combattants touaregs jadis recrutés au sein des armées de Kaddafi. Les résultats présentés confirment que la prolifération des stocks d’armes de l’ère du dirigeant libyen a renforcé les Touaregs ainsi que les insurrections islamistes au Mali.
Ils ont permis à des acteurs armés opérant dans toute la région, d’ acquérir de l’armement. Bien qu’il soit difficile de confirmer cela de manière quantitative, le rapport laisse penser que les saisies massives effectuées pendant les crises de 2012 et 2014 ont été, pour les groupes armés maliens, des vecteurs d’approvisionnement d’armes illicites plus importants que les vols post-crises, les ventes ou les transferts en contrebande.
Ainsi les mouvements armés maliens ont utilisé une proportion croissante d’armes lourdes obtenues à partir des stocks du gouvernement privilégiant le matériel récupéré localement à celui acheminé à partir de sources libyennes ou étrangères.
Selon Claudio Gramizzi, un des conseillers de l’organisation, le trafic des armes en provenance de Libye a fortement diminué. La raison tient non seulement de la demande en baisse, mais aussi à cause de la surveillance accrue de la Force Barkhane. Il estime que les routes de trafic traditionnelles sont de moins de moins utilisées.

Claudio Gramizzi est au micro de nos confrères de RFI :
« Il y a encore certainement du trafic qui s’opère à partir de Libye. Cependant, la tendance générale des premiers mois qui ont suivi la chute du régime Kadhafi, on assistait vraiment à un écoulement systématique de stock à partir de l’ancienne armée libyenne, de l’ancienne armée de Kadhafi, ont certainement ralenti d’un côté. Et puis de l’autre, il y a une demande croissante au niveau libyen lui- même. Étant donné que l’apparition de beaucoup de conflits inter-communautaires, ont créé effectivement un besoin local, qui fait que lorsque des stocks sont rendus disponibles les trafiquants libyens ont tendance à écouler cela de manière locale, ou elle est utilisée directement. Très certainement à partir du moment où la surveillance de ces espaces s’est accrue, notamment avec bien attendu l’engagement de l’armée française et le déclenchement de l’opération Barkhane. Je dirai que les routes des trafics traditionnels sont devenues moins exploitées, si on pense au Mali par exemple, le tiers des attaques à la roquettes lors des 18 derniers mois, ont été surtout effectuées avec l’armement qui sortait du stock de l’État malien lui-même ».