Évasion de Bamako : les fugitifs courent toujours, le syndicat des gardiens dénonce l’insuffisance des moyens
Mahamed Aly Ag Wadoussene

Évasion de Bamako : les fugitifs courent toujours, le syndicat des gardiens dénonce l’insuffisance des moyens

Huit des 22 détenus qui se sont évadés lundi de la prison centrale de Bamako au Mali ont été repris mais Mahamed Aly Ag Wadoussene, détenu pour son rôle présumé dans l’enlèvement de deux Français Serge Lazarevic et Philippe Verdon fin 2011, est toujours en fuite.

Selon la télévision nationale Wadoussene ce Touareg, déserteur de l’armée malienne, est dangereux. Il était le principal organisateur de l’enlèvement de deux Français à Hombori le 24 novembre 2011, Serge Lazarevic et Philippe Verdon.
Ce dernier a été tué par ses ravisseurs en juillet dernier dans le nord du Mali. Quant à Serge Lazarevic, il est apparu dans une vidéo ce mois-ci, dans laquelle il appelait le président François Hollande à négocier sa libération. Wadoussene avait été arrêté en décembre 2011 par les forces de sécurité maliennes.
Selon RFI, Wadoussene est le cerveau de l’évasion qu’il a minutieusement préparée avec des complices. Une importante somme d’argent lui aurait été ainsi remise par sa Katiba. Quand à l’arme avec laquelle il a tué un gardien elle aurait été introduite dans la prison à l’intérieur d’un téléviseur et lui aurait été remise ensuite. Toujours selon la même source les premiers éléments de l’enquête soulignent que , les islamistes du nord du Mali ont joué un rôle important dans cette évasion via des complices locaux.

Le Syndicat des surveillants de prison exige une enquête claire sur les circonstances de l’évasion de lundi. Il dénonce au passage « le surpeuplement des établissements du Mali » et le « manque de moyens suffisants » pour mieux assurer la sécurité des centres pénitenciers.
Lieutenant Abdoulaye Fofana est le secrétaire général dudit Syndicat. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko :
« A ce jour, je ne peux pas dire que les surveillants de prisons ne sont pas responsables à 100%. Pour l’instant, des enquêtes sont en cours, et les responsabilités seront situées. Mais en attendant, au niveau de la Maison centrale d’arrêt de Bamako, nous syndicats, nous avons tout le temps décrié que nous sommes confrontés à une véritable surpopulation carcérale. Pour 400 détenus, nous sommes à plus de 2000, premier constat. Deuxième constat , c’est une Maison d’arrêt qui date de l’époque coloniale. Présentement, cette Maison d’arrêt ne répond aujourd’hui à aucune forme sécuritaire. Vous voyez ce que cela pose comme problème.
Depuis quelques temps, tous ces facteurs ont été signalés jusqu’en haut lieu, c’est à dire au niveau de notre direction et de notre département. La simple tenue de travail, nous n’en sommes pas dotés depuis 7 ans. Les armes également, Dieu seul sait c’est quel type d’arme.
Pensez-vous que le prisonnier évadé aurait bénéficié de complicités internes ?
Je ne saurais répondre à cette question. Notre administration pénitencière est en train de mener une enquête, et nous avons des agents spécialisés pour cela. Donc, ces enquêtes sont actuellement en cours ».
Suite à l’évasion du début de semaine, le régisseur de la prison a été interpellé par la gendarmerie nationale. Les autorités parlent d’une « enquête classique normale ». Le Syndicats des surveillants de prisons, lui, dénonce « la manière » et lui exprime son soutien.