Vente de migrants africains en Libye : dirigeants africains et société civile dénoncent une « pratique inhumaine »
Des manifestants africains à Paris devant l'ambassade de la Libye

Vente de migrants africains en Libye : dirigeants africains et société civile dénoncent une « pratique inhumaine »

Suite à la diffusion d’une vidéo tournée par la chaîne américaine CNN, montrant des personnes vendues aux enchères en Libye, des chefs d’États africains dénoncent la pratique qualifiée de « barbarie ». Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita, dans un communiqué diffusé hier, s’est dit « profondément préoccupé et indigné » par le traitement « inhumain et dégradant » réservé aux migrants africains en Libye. Dans ce pays, de nombreux maliens seraient parmi les migrants détenus dans les prisons.

Dans le communiqué diffusé à la télévision nationale, Ibrahim Boubacar Kéita a qualifié cette pratique d’inhumaine qui rappelle selon lui, « une page sombre et douloureuse de l’histoire de l’Afrique »
Ibrahim Boubacar Kéita a exhorté le gouvernement de la Libye au respect de l’intégrité et de la dignité des êtres humains, notamment des migrants en application des déclarations et conventions internationales en la matière.
Le gouvernement de la République du Mali demande que la situation des migrants africains en Libye et dans d’autres pays africains fasse l’objet de discussions au niveau de l’Union Africaine. Comme lui, ses homologues, guinéen Alpha Condé, nigérien Mahamadou Issoufou et sénégalais Macky Sall ont également condamné cette pratique « moyenâgeuse ».

Colère de la société civile africaine

La société civile africaine n’est pas restée en marge. L’intellectuel sénégalais Felwine Sarr, demande aux dirigeants africains d’agir. « Préserver notre dignité et refuser l’inacceptable est la première des urgences », a-t-il déclaré.
Même cri du cœur de la part de l’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly, qui a organisé une conférence hier avec certaines associations de la société civile malienne à Bamako. « Nous dénonçons l’esclavage dont sont victimes nos frères et sœurs en Libye », a déclaré le reggaeman ivoirien avant d’appeler la jeunesse africaine à la mobilisation.
Le Collectif contre l’esclavage et les camps de concentration en Libye a aussi lancé un appel au rassemblement hier devant l’ambassade de Libye à Paris. Les manifestants ont dénoncé le silence « coupable » des dirigeants africains. Selon eux, il est temps que les chefs d’États africains prennent au sérieux la question de la migration.
Mohamed Condé membre de la Coalition internationale des migrants de l’Europe :

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Face à la situation, certains analystes pensent que la réaction des chefs d’États africains est timide. C’est le cas du professeur Aly Tounkara, sociologue à l’Université de Bamako. Selon lui, il faut aller au-delà d’une simple condamnation. Il propose que les pays africains prennent des mesures drastiques comme l’expulsion de l’ensemble des diplomates libyens. Aly Tounkara, professeur à l‘Université de Bamako :

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