Sur des sites de déplacés, l’hivernage rime avec le paludisme
Une vue du site de déplacés de Faladié Garbal. Bamako 13.09.23

Sur des sites de déplacés, l’hivernage rime avec le paludisme

La saison des pluies est un moment propice pour la prolifération des moustiques et au Mali. Une multiplication qui est à l’origine des centaines de milliers de cas de paludisme détectés selon agents de santé. Dans cette situation, les déplacés de la crise sécuritaire sont les plus vulnérables. A Bamako tout comme à l’intérieur du pays, ils sont parfois logés sous des tentes de fortunes. Sur place, les femmes et les enfants sont les plus touchées par la maladie.

Au Mali, le paludisme constitue l’un des premiers motifs de consultation dans les centres de santé en période hivernale. Les déplacés fortement exposés aux risques, constituent l’une des couches les plus touchées par cette maladie. Les déplacés du centre Mabilé de Sogoniko à Bamako ne sont pas épargnés. La responsable des femmes Tady Barry plaide pour une assistance, car les personnes vulnérables souffrent de cette maladie. « Il y a beaucoup de cas de paludisme dans le centre. Des enfants y compris les vieilles personnes souffrent beaucoup. Les moyens pour leur prise en charge sanitaire manquent. C’est difficile à supporter pour nous. Nous avons des malades qui ont besoins d’aide ».

Assis sous son hangar, à côté de lui son chèvre au milieu du centre, le vieil Amadou Boly est très inquiet face à l’état de santé de sa femme et son enfant. Ils souffrent tous du paludisme. Avec une voix toute triste, il nous confie : « Ma femme et l’un de mes enfants souffrent du paludisme, ils sont à l’intérieur. Même nous les vieux nous ne sommes pas épargnés par le paludisme. Aujourd’hui, je demande de l’aide et je souhaite le retour de l’aide de la croix rouge. Je n’ai aucun moyen pour m’occuper de ma famille ».

La responsable des femmes du site du centre Mabilé témoigne des difficultés dans la prise en charge. Selon Tady Barry, « avant, la Croix rouge aidait beaucoup pour la prise en charge des malades. Mais aujourd’hui, les opérations de la croix rouge sont à l’arrêt pour l’instant ».

Le service de développement social présent sur place reconnaît que la situation est compliquée. Pour ces responsables, la prise charge des malades pose problème. Selon Mme Maiga Coumba Sadio Diop du service de développement social de Bamako, « depuis deux mois, la croix rouge ne prend plus en charge les déplacés. Ils se débrouillent eux-mêmes. Une chose qui n’est pas facile pour tout le monde ».

A quelques kilomètres du centre Mabilé, se trouve le site des déplacés de Faladiè Garbal sur les hauteurs de la Tour de l’Afrique. Les abris fortunes sont collés les uns aux autres au milieu des eaux stagnantes propices à une floraison de moustiques et de parasites. Là-bas, la situation n’est pas facile non plus. Des femmes déplacées assises sur des bidons autour d’un forage d’eau se disent inquiètes face à l’ampleur du paludisme sur le site.

 « Les enfants sont malades du paludisme, certains ont de la peine à manger et à parler correctement. L’eau stagne partout, les moustiques, les mouches et même des verres sont dans les maisons », nous une jeune maman du nom de Gogo.

Selon Fanta, « Il y a beaucoup de malades maintenant dans les maisons. On ne peut pas laisser les enfants ni dehors ni à l’intérieur à cause des moustiques ».

A Ségou, le même problème sanitaire existe sur les sites de déplacés. En dehors des enfants de moins cinq ans pris en charge par les autorités sanitaires, les déplacés peinent à se soigner faute de moyen. « Il y a des docteurs ici, certains se promènent pour donner des médicaments aux enfants de moins de cinq ans et aux personnes vulnérables. Les autres ont des difficultés à se soigner du paludisme à cause du manque d’argent », nous explique Zewéretou Cissé une femme déplacée.

Les agents de santé appellent à un assainissement des sites des déplacés. Selon docteur Kalifa Diarra, « dans les zones où il y a des eaux stagnantes et des ordures surtout pendant la saison pluvieuse, les populations sont très exposées au paludisme ». Il précise que « ces ordures vont absorber l’eau, ce qui facilite la multiplication des moustiques dans ces zones. Quand on est piqué par les moustiques, ils peuvent transmettent des parasites appelés Plasmodium qui est responsable du paludisme ». Pour Dr Diarra, « il est important de vivre dans un environnement propre ».  

Selon le programme national de lutte contre le paludisme, les régions les plus touchées par le paludisme sont entre autres Mopti suivi de Sikasso et de Koulikoro. Le PNLP annonce la disponibilité de deux vaccins contre la maladie en 2024.