Ténenkou : un calme relatif règne après les violents affrontements intercommunautaires
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Ténenkou : un calme relatif règne après les violents affrontements intercommunautaires

Nouveaux affrontements dans le centre du pays. 7 personnes auraient été tuées dans la région de Mopti selon un denier bilan effectué sur place, lors de heurts entre éleveurs peuls et agriculteurs. De source administrative on indique également que 7 personnes ont été blessées lors de ces affrontements. Les violences seraient liées à un vol de bétails.

 Un calme relatif a régné aujourd’hui à Ténenkou. La population est toujours inquiète et redoute de nouveaux affrontements. Le préfet a communiqué un nouveau bilan. Il fait état désormais de 7 personnes tuées et de 7 blessés lors des heurts entre les communautés peuls et bambaras. Un premier bilan, ce week-end avait avancé 5 morts et 7 blessés.

Les forces d’interposition annoncées par le chef du gouvernement sont arrivées sur place hier dans la soirée et sont déployées dans la localité. Outre cette disposition sécuritaire, le Premier ministre a demandé l’ouverture d’une « enquête judiciaire pour identifier et interpeller toutes les personnes impliquées dans ces actes de violence« .

Ces violences seraient dues à un vol de bétail. Le préfet a par ailleurs souligné que sur place, on s’employait actuellement à mettre en œuvre un processus de négociation pour faire retomber la tension. En avril-mai dernier au moins une trentaine de civils, dont bon nombre de Peuls, avaient été tués dans des violences entre membres de cette communauté et Bambaras.

Les autorités administratives de la région estiment qu’il faut des pourparlers entre les deux communautés. Mais également pour garantir la sécurisation de la ville, il faudrait prévoir le cantonnement de certains mouvements armés dans ces localités où sévit la violence. Makan Doumbia est le préfet de Ténenkou. Il est joint par Assetou Kanté :

« On a déploré la perte de sept personnes et sept autres ont été blessées. La situation qui prévaut à Ténenkou depuis un certain temps devient maintenant une sorte de défi. Il ne faut pas se voiler la face. Ce sont des affrontements interethniques. Je pense que la solution est d’engager des pourparlers, essayer de parler avec ces gens et si possible les amener à la table de négociation, un. De deux il serait bon aussi dans le cadre de la recherche de la sécurité dans la localité de prévoir le cantonnement de certains mouvements armés dans ces localités là. Moi je pense que ça va être une très bonne chose. Ce matin, jusqu’à leur où je suis en train de vous parler, il n’y a pas quelque chose de grave qu’on m’a signalé ».

Certains analystes estiment que les violences intercommunautaires de la localité de Tenenkou remontent à l’indépendance. Ils expliquent ces violences par la compétition qui existe autour des ressources naturelles et les décisions judiciaires antérieures qui ont créé des frustrations. Bréhima Ely Dicko enseignant chercheur à l’Université de Bamako est joint au téléphone par Ibrahima H.Diallo :

« Vous savez Ténenkou c’est dans le delta central du Niger. Dans le delta, il y a beaucoup de communautés qui y vivent. Chaque communauté est en phase de survivre, les peulh ont besoin de pâturages, les agriculteurs ont besoin des champs. Donc, il se trouve que chaque année il y a une pression énorme autour de ces ressources. A un moment donné, les animaux ont besoin de partir en delta pour aller en transhumance. Et chaque hivernage est une occasion de conflit entre éleveur et agriculteur.  »Les Gour-tôles  » qui sont les couloirs de transhumances souvent sont exploités à titre de champs. Et donc le Peulh se dit bon, c’est le couloir que j’ai utilisé depuis longtemps donc je suis obligée de passer par là. Les Bambaras disent que les champs ne bougent pas sont les Peulh qui viennent les embêter. »
Quelles sont les mesures qui pourraient être prises afin de limiter les violences?
« Il faut retracer les couloirs de transhumance et faire un bornage pour qu’on sache quels sont en fait les couloirs de transhumances réservés aux éleveurs. L’autre aspect, c’est qu’il y a beaucoup de procès qui sont en cours. Il faudrait faire les enquêtes, situer les responsabilités et que la justice soit rendue. »