Terrorisme au Mali: André Bourgeot du CNRS pointe la recrudescence du salafisme jihadiste
André Bourgeot, Chercheur au CNRS

Terrorisme au Mali: André Bourgeot du CNRS pointe la recrudescence du salafisme jihadiste

Quatre jours après l’opération de ratissage de la Force Barkhane qui a conduit à la mort de Mohamed Ali Ag Wadoussène, le bilan a évolué. Selon plusieurs sources concordantes, neuf terroristes auraient été tués et trois autres capturés au cours de l’assaut.

Par ailleurs, la mort du terroriste Mohamed Ali Ag Wadoussène, est considérée par beaucoup comme un coup dur pour les groupes terroristes opérant dans le nord du Mali, c’est le cas notamment du commandement militaire français.

Cependant pour André Bourgeot, chercheur au CNRS, cette opération ne résout pas le problème du salafisme jihadiste sur le territoire malien.
André Bourgeot, était hier, l’invité de l’émission « Grand dialogue ».

« Ça ne résout pas pour autant le problème du salafisme jihadiste. L’histoire est là, on a vu lorsque le terroriste Abou Zeïd a été tué c’est pas pour autant que le mouvement salafiste jihadiste a été démantelé.

C’est vrai que c’est une bonne chose qu’un terroriste soit tué, que l’opération Barkhane engrange positivement cette affaire mais encore une fois, au vu de ce qui se passe sur l’ensemble du territoire malien, il y a quand même une recrudescence, une généralisation de pratiques salafistes jihadistes sur l’ensemble du territoire.

Donc, le problème pour moi ne se pose pas en terme de tête pensante ou d’individu qui représente quelque chose pour les médias français, occidentaux ou mondiaux.
Encore une fois dans la situation actuelle et dans un contexte d’application des accords de paix d’Alger, on voit bien qu’il y a une effervescence de nouvelles pratiques salafistes jihadistes sur l’ensemble du territoire ».

La Côte d’Ivoire est à l’abri de menaces de jihadistes. C’est ce qu’a estimé hier le gouvernement ivoirien, deux semaines après les attaques survenues au Mali près de sa frontière. Les autorités ivoiriennes se disent toutefois prêtes à riposter « le cas échéant ».

« Il n’y a pas de menaces réelles visibles à ce jour sur le territoire ivoirien », a affirmé Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement, à l’issue du dernier Conseil des ministres. Le pays est , jusque-là est épargné par les raids islamistes du groupe jihadiste Ansar Dine qui a lancé des attaques contre Fakola et Nara au Mali.

Toujours selon le porte parole « des précautions sont prises pour que, le cas échéant, nous puissions réagir efficacement ». Bruno Koné a fait état d’un renforcement militaire « aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays et en particulier à certaines frontières ».

Le groupe Ansar Dine, dont les combattants ont étendu leurs attaques aux frontières maliennes avec la Mauritanie et la Côte d’Ivoire, avait menacé il y a une semaine de frapper ces deux pays, qu’il accuse de coopérer avec « les ennemis de l’islam ».

Vendredi, dernier les députés ivoiriens ont adopté une loi antiterroriste. La loi punit d' »un emprisonnement de 10 à 20 ans » le recrutement ou l’affiliation à « un groupe criminel organisé en vue de participer à la commission d’actes terroristes ».

Les autorités ivoiriennes ont expulsé le week-end dernier vers le Mali un prêcheur soupçonné d’appartenir à un réseau jihadiste. Selon le journal l’Indépendant qui a relayé l’information, le prêcheur répondant au nom de Ama Ndiaye a été présenté par la presse ivoirienne comme malien et qui voulait rejoindre la ville de Korogho. Selon les autorités ivoiriennes, le prêcheur n’a pu donner le nom de son tuteur dans cette localité.