Fête de ramadan : les acteurs politiques réclament l’union sacrée autour du Mali
Prière collective à la grande mosquée de Bamako

Fête de ramadan : les acteurs politiques réclament l’union sacrée autour du Mali

Après 29 jours de jeûne le croissant lunaire annonçant le début de l’Aid el-fitr a été aperçu hier soir par de nombreux fidèles musulmans dans les localités de Bamako, Koro, Yanfolila et Tombouctou. La communauté musulmane du Mali a célébré aujourd’hui cette fête de ramadan sur l’ensemble du territoire national.

Ce matin, le président de la République accompagné des membres du gouvernement, des présidents des institutions de la République et de plusieurs responsables ont prié à la grande mosquée de Bamako. C’était l’occasion pour les responsables du Haut Conseil Islamique du Mali de conseiller les fidèles musulmans sur les attitudes à adopter pendant ces jours de fête.

Mohamed Kimbri est membre du Haut Conseil Islamique du Mali. Il est au micro de Ayouba Sow :
« La particularité de cette fête, c’est d’être une fête de pardon, de miséricorde et de tolérance. Donc, après 28 ou 29 jours de jeûne, maintenant les gens seront obligés de se pardonner. Le prophète lui-même nous a interpellé dans un des Hadis que, durant le mois de ramadan le Satan est enchaîné, les portes de l’enfer sont fermées. Donc, pendant ce mois, quand on fait des bénédictions pour ce pays très souvent ça peut être exhaussées ».

Que doit être le comportement d’un bon musulman pendant ces jours de fête ?

« Pendant ces jours de fête on doit se pardonner quelles que soient les fautes des uns et des autres. On doit être tolérant et s’entre aider mutuellement. C’est un jour où on doit faire beaucoup de sacrifices après 29 jours de jeûne. Je lance un appel à toute la communauté musulmane qu’on se pardonne, qu’on s’aide mutuellement ».

C’est dans ce souci de solidarité nationale que le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta a appelé tous les Maliens à l’union sacrée autour de l’intérêt supérieur d’un Mali unit et consolidé. Le chef de l’Etat a souhaité une bonne saison hivernale et un prompt rétablissement à tous les malades et blessés avant de rappeler à tous et à toutes que son vœu le plus ardent est « la cohésion sociale et la stabilité du Mali ».
Ibrahim Boubacar Keïta est au micro de Ayouba Sow :
« Chez nous au Mali, certes, il y a eu quelques actes isolés, mais globalement le mois de ramadan a été plutôt un mois paisible. Nous souhaitons que cela se poursuive. Je souhaite également que chacun et chacune, en quelque lieu où ils se trouvent, redoublent de vigilance pour que nous arrivions à extirper au sein de notre société ceux-là qui se glissent parmi nous sous le déguisement de la religion et commettent des forfaits qui n’ont rien à voir avec la religion musulmane; religion de paix, de concorde, d’entente entre les fils de Dieu. Notre Islam Sunnite, Malékite, est un Islam de paix et un Islam d’intelligence entre les hommes. Notre seul souci de toujours, Dieu en est témoin, est que ce pays se retrouve en son dedans, qu’il se ressoude en son dedans. Chacun de nous doit y contribuer. Il est temps que les cœurs s’unissent au seul chevet du Mali et de lui seul. Aucun de nous ne vaut le Mali, le Mali vaut tout. Chacun de nous doit tout à ce pays-là et chacun de nous doit lui rendre ce qu’il lui doit. Que cette année nouvelle qui s’ouvre nous rapporte paix , sérénité et quiétude. Que notre hivernage également soit un hivernage apaisé; un hivernage avec des pluies de bonheur; que nous ayons des pluies que le Mali n’avait jamais eu ».

Cette fête de ramadan est célébrée selon certains dans une ambiance plus ou moins festive où les tueries continuent dans le pays. Le chef de file de l’opposition a saisi l’occasion pour inviter le peuple malien à prier pour le retour de la paix et de la cohésion sociale. Selon lui « les Maliens doivent unir leurs efforts pour trouver une solution pérenne aux difficultés du pays ».
Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, au micro de Mahamane Baba Kounta :

« Aujourd’hui, je crois que c’est un jour de recueillement. Il faut penser d’abord à tous ceux qui nous ont quitté, que ça soit des civils ou des militaires suite à la crise que nous connaissons depuis quelques années. Mon souhait aujourd’hui, c’est de faire des vœux pour un Mali apaisé, un Mali qui retrouve sa force, un Mali où les enfants puissent se réconcilier et penser à l’avenir. Je souhaite vraiment que le Mali soit désormais un pays en paix, c’est mon souhait le plus ardent. Je crois que nous méritons aujourd’hui de nous retrouver tous, que le dialogue s’instaure réellement dans ce pays et que nous mettions toutes nos intelligences ensemble pour trouver une bonne solution à la situation que nous vivons aujourd’hui. Nous n’avons pas trouvé encore la bonne solution puisque les tueries continuent et il y a énormément d’insécurités dans tout le pays. Je crois que quand on entend ce qui se passe aujourd’hui à Kidal, franchement, c’est encore décourageant et je crois que nous devons nous tenir la main et continuer le combat ».