Manifestations de Kidal : la Minusma « assumera ses responsabilités »
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Manifestations de Kidal : la Minusma « assumera ses responsabilités »

Une enquête a été ouverte par la Minusma après la violente manifestation contre les forces internationales ce lundi dans la ville. Ces violences ont fait deux morts et quatre blessés. Ce bilan constaté lundi par plusieurs sources locales a été confirmé hier par la Minusma. Selon le porte-parole, « la mission onusienne assumera ses actes si sa responsabilité a été reconnue ».

La population de Kidal a passé une journée dans un calme relatif ce mardi au lendemain des violentes manifestations contre la Force Barkhane et la Minusma. Un rassemblement a été malgré tout organisé, mais cette fois sans dégénérer, selon la mission onusienne dont les forces ont continué à sécuriser l’aéroport de la ville.
La Minusma a confirmé hier la mort de deux manifestants tués par balles, et quatre blessés. La mission des Nations Unies a indiqué qu’elle a ouvert une enquête dès lundi soir pour situer les responsabilités. Selon son porte parole, les responsables de la Minusma sont en contact avec le gouvernement de Bamako ainsi que les responsables des groupes armés. Une rencontre avec ceux-ci devait même se tenir hier dans l’après-midi.
Un responsable de la CMA a déclaré ce mardi que la marche de lundi n’était pas organisée par les mouvements, mais plutôt improvisée à l’initiative d’une partie de la population, en réaction aux arrestations opérées la semaine dernière dans la ville. La Minusma a décliné toute implication dans ces interpellations. Selon son porte parole, la mission onusienne ne détient personne.
La Minusma affirme être en contact avec les responsables des groupes armés ainsi que les autorités maliennes afin d’apaiser la tension. Selon ses responsables, une enquête a été ouverte depuis lundi soir afin de situer les responsabilités. La mission onusienne assure qu’elle prendra ses responsabilités si celles-ci étaient engagées.
Michel Salgado, est l’un des portes parole de la Minusma. Il a été joint par Sékou Gadjigo :
« Pour l’heure la situation est relativement calme à Kidal suite à cette violente manifestation qui s’est déroulée lundi matin. Vous savez des manifestants se sont introduits par effraction sur la piste de l’aéroport sécurisé par la Minusma, saccageant et mettant le feu aux installations sécuritaires à l’aide de coktails molotov. Lors de cette manifestation, deux participants ont perdu la vie et quatre autres blessés suite à des tirs d’origine encore inconnus. Il faut savoir que nous sommes en contact permanent avec les autorités maliennes mais aussi nous rencontrons toutes les parties qui sont sur le terrain pour comprendre le déroulé des événements. Nous sommes en contact depuis dès lundi même et nous nous sommes rencontrés hier aussi. Nous avons déjà lancé une enquête depuis hier soir et nous nous y attelons. Si nous avons des responsabilités nous prendrons nos responsabilités ».
Pour les observateurs , les événements de Kidal témoignent d’une généralisation de la violence à travers le pays, particulièrement au Nord. Selon eux, les incidents de Kidal soulèvent aussi de nombreuses questions sans réponse à ce jour.
André Bourgeot est chercheur au CNRS à Paris, et spécialiste du Sahel. Il était l’invité de notre émission « Grand Dialogue » d’hier :
« Moi, ce qui m’inquiète c’est cette violence qui tend à se généraliser un peu partout sur l’ensemble du territoire malien et plus particulière à Kidal. Malheureusement ce n’est pas nouveau. Deux ou trois membres du MNLA ont été accusés par Barkhane de trafic d’armes. Ils ont été arrêtés quelques jours, puis relâchés. C’est quand même quelque chose de nouveau cette arrestation. Parce que le trafic d’armes dans l’Adrar et plus particulièrement sur l’ensemble du territoire est assuré par les groupes armés. Ce n’est pas quelque chose de nouveau, ça existe depuis plusieurs années. Pourquoi intervenir maintenant, arrêter ces partisans et les accuser de trafic d’armes, puis les libérer ? Vous voyez, il y a un ensemble de faits qui vont dans le sens d’une confusion. Et cette confusion ne permet plus de faire des analyses particulièrement sereines. Ça c’est d’une part, d’autre part je constate une prolifération de scissions à l’intérieur de plusieurs mouvements armés. Ceci révèle une situation extrêmement grave ».