Ebola : quatre victimes au Mali, les populations s’inquiètent
Les agents de santé transportant un malade

Ebola : quatre victimes au Mali, les populations s’inquiètent

Plus de 90 personnes, dont une vingtaine de casques bleus blessés lors d’opération dans le nord, ont été mises en quarantaine  hier  à Bamako après la mort d’un infirmier de 25 ans qui avait contracté la fièvre Ebola en soignant un Imam Guinéen également décédé il y a deux semaines. A ce jour ébola a fait quatre victimes au Mali, selon l’OMS.

Le cas de cet imam de Kourémalé, ville frontalière du Mali, décédé le 27 octobre n’a jamais été diagnostiqué. Il avait été admis pour insuffisance rénale. De nombreux fidèles ont assisté aux rites funéraires, pratiqués sur sa dépouille sans précautions dans une mosquée de  Bamako. Ainsi le corps du défunt a été lavé alors que cela est absolument proscrit en cas d’Ebola.

Il a ensuite été rapatrié en Guinée pour y être inhumé. Là encore sans précautions. On sait pourtant que les corps des victimes de la fièvre Ebola restent contagieux jusqu’à trois jours après le décès. Trois des quatre accompagnants ont été testés positifs et ont été traités en Guinée. Le quatrième, sa première épouse, est décédée le 6 novembre, selon l’OMS.

Toujours d’après l’organisation mondiale de la santé, quatre cas probables ou avérés de fièvre Ebola ayant entraîné la mort, ont été dénombrés au Mali. L’une des victimes avait rendu visite à l’imam pendant son hospitalisation.

Un médecin de la polyclinique Pasteur, où travaillait l’infirmier, pourrait également avoir contracté la maladie. Il a été placé en observation. Les autorités doivent maintenant finaliser la liste des personnes ayant été en contact avec l’infirmier et l’imam. Elles venaient de mettre fin mardi à la quarantaine des 108 personnes susceptibles d’avoir eu des contacts avec le premier cas confirmé au Mali à Kayes, la fillette de deux ans qui était rentrée en car de Guinée. 

Au deuxième jour de la crise, la prise en charge des personnes mises sous observation se passe bien selon le président de la clinique Pasteur. Le docteur Ben Baba Arwata   dément également les rumeurs sur la fuite de personnes mises en quarantaine. Il a été joint par Sékou Gadijigo.

« Depuis notre appel au gouvernement, nous avons senti que les provisions arrivent plus facilement. On a remis la cuisine au travail pour pouvoir pouvoir donner à manger régulièrement à nos patients en interne. Ce dont on a besoin aujourd’hui c’est une assistance du ministère de la santé pour nous permettre d’avoir du personnel supplémentaire parce qu’une partie du personnel ayant paniqué n’est pas venue au travail. Nous avons besoin de l’assistance du ministère pour sécuriser notre personnel par des moyens efficaces. Ce personnel qui a eu le courage de venir travailler. Je tiens aussi à confirmer qu’il n’y a pas eu de fuites de malades, et cela est même impossible techniquement parce que c’est la quarantaine. Donc, je dément formellement qu’aucun malade n’a fui de la clinique ».

L’infirmier décédé à la clinique Pasteur était domicilié à Daoudabougou, en commune V du district de Bamako. Le député de cette circonscription a effectué ce matin une visite dans certaines structures de santé de la commune. Pour lui, « le constat est loin d’être rassurant ». Pour le député Amadou Thiam, il existe un manque cruel de matériels de protection pour les agents sanitaires. Issa Fakaba Sissoko l’a rencontré.

« Nous avons constaté  une insuffisance réelle au niveau des combinaisons de protection pour les agents de santé. Je pense que ce constat est assez général même au niveau des centres de santé communautaires, mais également au niveau des autres centres de référence de la capitale.  Les pistolets, qui servent à la prise de température, manquent énormément. Nous n’avons pas aussi tellement d’assurance par rapport à la mise en quarantaine des familles des victimes, parce que nous ne savons pas jusqu’à présent si la famille du défunt à Douadabougou est réellement en quarantaine. Il y a un flou autour de cela. Nous pensons également que la commune V risque d’être un grand foyer de cette épidémie si les mesures ne sont pas prises à temps ».

Après le décès des deux cas d’ebola, l’inquiétude gagne le terrain à Bamako.  La population consciente du danger qu’elle en court, demande le respect des mesures de prévention contre cette épidémie. Ce matin à l’ACI 2000 les citoyens estiment que autorités doivent prendre les mesures adéquates pour limiter les risques éventuels de contamination. C’est un micro trottoir de Yaborko Nadège Douyon.

« Nous sommes inquiets. Que le gouvernement prenne les dispositions pour que la population innocente ne soit pas infectée ».

« Les autorités n’ont pas pris les mesures adéquates pour circoncire  ce fléau ».

« Oui ça inquiète, par ce que ça concerne la santé publique. C’est une maladie qui peut faire des ravages. On ne nous donne pas des informations claires. Chacun dit ce qu’il pense ».

« C’est plus qu’inquiétant, quand on sait que des structures sanitaires comme la clinique Pasteur  où on décelé un cas ».

« Ça ne m’inquiète pas beaucoup. Je sais qu’on peut lutter contre Ebola à Bamako ».

« Tout porte à croire que c’est un virus en tout cas très dangereux qui tue. Donc, il convient pour nous de prendre les dispositions nécessaires vraiment pour prévenir la maladie ».

« Il paraît qu’il y a deux cas qui sont déjà morts à la Clinique Pasteur. Et puis il y a des cas contaminés qui sont dans la circulation, on ne sait pas où ils sont. Donc, c’est inquiétant ».