PDIS : entre quotidien difficile et adaptation sur les sites
Une vue sur des eaux stagnantes sur le site des déplacés de Faladié. Image prise le 18 juin 2025.

PDIS : entre quotidien difficile et adaptation sur les sites

La dégradation de la situation sécuritaire a contraint de nombreuses familles à se déplacer à la recherche de meilleures conditions de vie dans des zones plus stables. Ces personnes ont dû abandonner leurs foyers et leurs terres pour tenter de se reconstruire. Sur les sites d’accueil des déplacés internes, cette situation nécessite de nouveaux modes d’organisation et de gestion de l’espace. Les sites les plus peuplés de déplacés se trouvent à Bamako, Bandiagara, Mopti et Ménaka.

À ce jour, le plus grand site pour les personnes déplacées à l’intérieur du Mali se trouve à Sénou, à la périphérie de Bamako. Ce site, qui abrite actuellement plus de 1 200 personnes déplacées en provenance des régions de Mopti, Ségou, Tombouctou, Ménaka et Bandiagara, a été créé en février 2019.

« Il est maintenant devenu comme un village ou de centaines de personnes y vivent normalement, fêtent des baptêmes, des mariages et organisent leur vie au quotidien », nous indique Abdramane Niama Togora coordinateur national des sites des déplacés internes à la direction nationale du développement sociale.

Il souligne également que « concernant la gestion des personnes déplacées internes sur les sites dans la durée, le gouvernement a opté pour les solutions durables, c’est-à-dire faire en sorte que ces personnes puissent quitter définitivement l’assistanat et être autonomes et productives au niveau du tissu économique ».

Sur place, le quotidien est pénible pour certains

Sadio Coulibaly vit sur le site de Sénou depuis 6 ans déjà. Le sexagénaire est arrivé de Bankass. Il vit sur place avec sa femme et ses enfants.

Monsieur Coulibaly est nostalgique de son Bankass natal. Dans son témoignage, il dit : « Nous vivons dans une situation précaire, sans possibilité de cultiver ni de revenus stables. Je survis en triant des ordures. Bien que nous ayons un peu de riz, je dois chercher des condiments. Nos enfants vont à l’école, leurs frais de scolarité et de fournitures sont pris en charge. »

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Autre lieu, autre réalité

Le site des déplacés internes le plus récent est celui installé par la croix rouge dans la ville de Bandiagara. Ce site est créé en mars 2023 mais il a été occupé en février 2025. Il est composé de 163 ménages de 819 individus.

Amadou Yanogue est le vice-président du comité de gestion de ce site. Il indique que plusieurs personnes œuvrent pour le bien être de leur camp. « Notre comité est composé de neuf personnes dont quatre femmes. Il s’occupe de la gestion du site, des déchets, entre autres. Chaque jour, deux membres font la veille et vérifient si tout va bien. Les femmes aménagent les cuisines avec des pierres et banco. Donc elles ne préparent pas dans les cases ».

Toujours au centre du pays, à Socoura dans la ville de Mopti, les déplacés s’auto-organisent pour survivre dans la dignité. Sur place, la gestion du site des personnes déplacées est saluée par les communautés qui viennent essentiellement des villages de Woro, Deguembéré, Doundjourou, Assa et Ondossa.Pour le septuagénaire Seydou Yanogué, tous les déplacés du site veillent à l’assainissement et au bienêtre de ce qu’ils appellent leur « nouveau village ».

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Yanoguéprécise que « les jeunes travaillent sur les chantiers de construction et gagnent un peu d’argent. Les femmes exploitent le sable et mènent de petites activités commerciales pour acheter des condiments. Les hommes évoluent dans le secteur de l’élevage des petits ruminants. »

« En fin janvier 2024, la région de Mopti comptait plus de 91282 personnes déplacées internes reparties entre 21 855 ménages », nous explique Boubacar Djembedougou Diallo, Chef de division défense et protection sociale à la direction sociale et de l’économie solidaire de Mopti.

Il nous confiequedes mécanismes ont été mis en place pour assister tous les déplacés et accompagner leur réinsertion socioprofessionnelle à court et long terme.

« Nous mobilisons les partenaires pour nous accompagner pour l’évaluation des besoins. Et après l’évaluation, il y a toujours une assistance. Et parmi les humanitaires, il y a des acteurs qu’on appelle les acteurs RRM, c’est-à-dire le mécanisme de réponse rapide. Au moment où ils arrivent, qu’ils puissent bénéficier le plus tôt possible d’une assistance. Il y aussi d’autres acteurs tels que le PAM (programme alimentaire mondial Ndlr) et autres qui se positionnent pour les accompagner encore six mois et au-delà ». 

Ces populations vulnérables ont plus que jamais besoin d’une assistance humanitaire. Alors que l’ONU (organisation des Nations Unies Ndlr) a annoncé ce lundi 16 juin, une réduction drastique de l’aide humanitaire mondiale cette année.

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