Enfants déplacés internes : survivre à tout prix
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Enfants déplacés internes : survivre à tout prix

Privés d’école, exposés à la précarité, de plus en plus d’enfants déplacés s’engagent dans de petits métiers pour aider leur famille. Un choix par nécessité, dans un contexte d’insécurité et de baisse de l’aide humanitaire. À Bamako, Mopti ou Bankass, de nombreux enfants déplacés internes prennent leur avenir en main malgré leur jeune âge. Ils ramassent des ordures, vendent des objets ou apprennent un métier.

Reportage :

C’est le cas de Fatoumata Traoré, 15 ans, installée avec sa famille sur le site de déplacés du Garbal, à Faladié. Chaque jour, elle trie les ordures à la recherche de sachets plastiques.

« Nous manquons de tout. Alors, on trie les sachets pour les vendre entre 125 et 150 francs le kilo », explique-t-elle.

Comme elle, Dibo Coulibaly fouille les déchets pour ramasser des morceaux de fer. Elle les revend ensuite à des ferrailleurs pour soutenir sa famille.

« Parfois, je vends 10 kilos. L’argent sert à acheter les condiments. Nous n’avons même pas de céréales », raconte-t-elle, la voix chargée.

Autre lieu, même débrouille au quotidien

À Sévaré, Binta Minta vend des tomates, des perles, des vêtements pour enfants et du jus au marché.

« Parfois, je rentre avec 5 000 francs. Ça aide mes parents à payer les dépenses », confie-t-elle.

À Bankass, Seydou et Daouda Dio, eux, sont apprentis forgerons. Ils fabriquent mortiers et pilons, malgré l’insécurité.

« On peut faire cinq mortiers par jour. Mais on ne peut pas prendre toutes les commandes à cause de la situation », témoignent-ils.

Des parents entre fierté et regrets

Sago Sidibé, mère de sept enfants est une déplacée interne de Bankass à Bamako. Elle ne cache pas sa reconnaissance.

« Mes enfants m’aident beaucoup. Mais ce n’est pas une vie pour eux. Ce qu’il leur faut, c’est l’école », dit-elle, émue.

Elle précise que l’aîné a pu être inscrit à l’école, mais ce sont les plus jeunes qui ramassent les ordures.

Une résilience face à la baisse de l’aide

Pour Lamine Dolo, chef du service du développement social à Bandiagara, ces enfants font preuve d’un courage admirable.

« C’est cela, la résilience. On ne peut pas toujours attendre une aide qui tarde à venir », souligne-t-il.

Avec la diminution progressive de l’assistance humanitaire, beaucoup d’enfants travaillent comme main-d’œuvre journalière chez des artisans, avant de retourner dormir sur les sites.

Mais ce mode de survie a un coût. Les enfants travaillant dans les déchets sont exposés à de nombreux risques sanitaires. À Bamako, on recense aujourd’hui six sites de déplacés internes, selon Tiémoko Traoré, coordinateur des sites dans la capitale.

Les premiers déplacés internes sont arrivés à Bamako en novembre 2018, fuyant les violences intercommunautaires du centre du Mali. Aujourd’hui, plusieurs familles vivent dans des abris de fortune ou sont hébergées par des proches.

Ecoutez l’ intégralité de l’émission Fabu dirène: