Révision des listes électorales : les personnes déplacées face au défi des documents civiques
Centre de révision de la liste électorale en commune 5. Crédit photo : Studio Tamani

Révision des listes électorales : les personnes déplacées face au défi des documents civiques

Du nord au sud du Mali, de nombreuses familles déplacées tentent de reconstruire leur vie loin de leurs localités d’origine. Mais pour beaucoup, l’absence de documents administratifs perdus sur les routes de l’exil complique leur participation à la vie citoyenne, notamment au vote. Alors que la révision annuelle des listes électorales se poursuit depuis le début du mois d’octobre, des initiatives locales se multiplient pour permettre à ces déplacés d’obtenir ou de renouveler leur carte NINA et leur carte d’électeur.

Au centre Mabilé, à Sogoniko (Bamako), Hamsetou Ly, déplacée du nord, affiche un large sourire :

« Si Dieu le veut, je voterai aux prochaines élections. J’ai ma carte d’électeur, c’est mon fils qui m’a aidée à l’avoir », confie-t-elle, assise à l’ombre d’un arbre.

Comme elle, plusieurs déplacés affirment avoir pu actualiser leurs informations lors de la précédente révision des listes, clôturée le 28 février 2025 souvent grâce au soutien des autorités locales.

Des démarches encore difficiles pour certains

Pour d’autres, la situation reste plus compliquée. Malado Togo, originaire d’un village du cercle de Bankass et aujourd’hui installée à Yorosso, a perdu sa carte NINA en fuyant les violences.

« Je n’ai pas de carte NINA. J’aimerais m’enrôler ici pour pouvoir voter. Je vends du bois et je fais la lessive pour vivre », raconte-t-elle.

Ces pertes de documents restent fréquentes chez les personnes déplacées internes, rendant difficile leur enregistrement dans les bases électorales.

L’État et les services sociaux en appui

Pour pallier ces difficultés, le service du développement social et de l’économie solidaire accompagne plusieurs sites de déplacés à travers le pays. Selon Alassane Koné, chargé de la solidarité humanitaire à San, le dispositif vise à faciliter l’accès des déplacés à de nouveaux documents administratifs :

« Beaucoup ont tout perdu en fuyant. Nous les orientons vers les commissariats et brigades pour l’enregistrement biométrique, afin qu’ils puissent obtenir une carte RAVEC ou une carte NINA », explique-t-il.

Les autorités locales s’impliquent, elles aussi dans le processus. À Bandiagara, le président de la commission de révision des listes électorales, Boureima dit Bouri Guindo, affirme que les déplacés sont désormais pris en compte :

« Avant, ils n’étaient pas inclus. Mais avec les nouvelles directives de l’AIGE, nous les enrôlons désormais sur place, selon leur zone de résidence », précise-t-il.

Un changement qui marque une étape importante vers une meilleure inclusion électorale des personnes déplacées internes, nombreuses à vouloir faire entendre leur voix lors des prochaines élections.

Ecoutez l’ intégralité de l’émission Fabu dirène: