Fausse alerte ou menace réelle ? Ce qu’il faut retenir sur la situation à Bamako
Monument de l'indépendance du Mali à la veille du 22 septembre 2025. Crédit photo : Studio Tamani

Fausse alerte ou menace réelle ? Ce qu’il faut retenir sur la situation à Bamako

Face à la crise qui sévit actuellement dans la capitale malienne, des informations font état du contrôle prochain de la ville par des hommes armés. Des analystes nous donnent leur lecture de la situation.

« Bamako encerclé, Bamako envahi, Bamako bientôt sous le contrôle des djihadistes », ce sont entre autres des propos qu’on a plusieurs fois entendus à travers des médias étrangers. Certaines ambassades ont même recommandé à leurs ressortissants de quitter le Mali. L’Union africaine, de son côté, a exprimé hier sa « profonde préoccupation » face à la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays.

« Stratégie d’influence »

Mais pour Dr Ngolo Diarra, enseignant-chercheur, ces discours s’inscrivent dans une stratégie d’influence.

« C’est une réalité dans la géopolitique des conflits armés. Les médias sont parfois utilisés pour soutenir des groupes locaux ou fragiliser des gouvernements qui ne servent pas certains intérêts », explique-t-il.

L’analyste reconnaît néanmoins que certains médias relaient ces informations sans mauvaise intention, mais souvent sans vérification suffisante.

« Il y a des médias innocents qui reprennent ce qu’ils entendent ailleurs, amplifiant ainsi la peur », ajoute-t-il.

Selon Dr Diarra, les autorités maliennes travaillent déjà à stabiliser la situation, et les populations doivent garder leur calme face à la multiplication des fausses informations.

« Ces chancelleries sont dans leur droit »

L’enseignant-chercheur Pierre Claver Bakoroba Traoré a une autre lecture de cette mesure des chancelleries occidentales. « Il faut savoir que dans ces pays, la citoyenneté bénéficie, non seulement d’une très grande considération. L’État a des obligations vis à vis des citoyens telles que leur protection, leur sécurité, leur bien-être », explique l’enseignant-chercheur.

Selon lui, au lieu de s’en offusquer, il faut le comprendre dans leur contexte et leur compréhension de la citoyenneté, leur approche à la citoyenneté. « J’ai entendu pas mal de commentaires négatifs sur cette décision de ces ambassades. Mais personnellement je ne vois aucun problème à cela, ils sont dans leur droit », martèle le chercheur.

« La menace est réelle »

La menace est réelle et on ne peut pas l’avaler d’un coup de baguette magique affirme Pierre Claver Bakoroba Traoré. « Des médias occidentaux le disent, mais aussi quand la capitale d’un pays est sous blocus, quand des concitoyens nous font savoir les difficultés qu’ils rencontrent quand ils voyagent. Ajoutez à cela des pans du territoire qui échappent à l’autorité du gouvernement, où il n’y a aucun représentant de l’État. Naturellement ça fait peur, surtout pour quelqu’un de l’extérieur ».

Quant aux conséquences de ces alertes, Pierre Claver Bakoroba Traoré affirme qu’elles sont, sans doute préjudiciables pour le pays, car dit-il, elles peuvent décourager les bailleurs qui se méfiaient déjà du pays depuis le coup d’État « La situation sécuritaire rend les relations encore plus compliquées. Surtout, les partenaires économiques deviennent quelque peu réticents à venir dans le pays » souligne-t-il.