Plus de 300 jeunes combattants de la région de Mopti ont déposé leurs armes pour rejoindre le processus de paix
Cérémonie d’adhésion des combattants du MDP à la plate-forme (Studio Tamani)

Plus de 300 jeunes combattants de la région de Mopti ont déposé leurs armes pour rejoindre le processus de paix

L’insécurité s’accroît dans le centre du Mali depuis quelques semaines. Des attaques contre les FAMAS et les Casques bleus en passant par des conflits intercommunautaires et tout récemment la création d’une milice pour la défense de l’identité peule et la restauration de la justice différente selon son chef Oumar Aldjana du front de libération du Macina FLM. Le Crisis Group, une organisation qui s’intéresse aux conflits en Afrique de l’Ouest, a dans son dernier rapport fait ressortir les raisons qui favorisent la crise sécuritaire dans la région de Mopti.

L’ auteur du rapport, Jean-Hervé Jezequel, pointe du doigt l’incapacité de l’état à créer un cadre de dialogue entre les différentes communautés. Il est au micro de nos confrères de RFI :

« Le centre du pays est une zone agropastorale extrêmement riche, 40 % du riz malien sont produits là-bas. C’est la première zone d’élevage. Cette richesse a attiré de nombreuses communautés. Il y a effectivement la montée de tension entre agriculteurs et éleveurs; entre sédentaires et nomades. L’État, encore une fois se relève incapable de proposer des solutions de pacification par la discussion entre ces vieux antagonistes. Je pense qu’il y a deux raisons principales qui expliquent un peu la faible capacité de l’État à démontrer toute son utilité au centre du pays. La première, c’est un vieux discrédit qui frappe l’État depuis plusieurs années avec le développement de la mauvaise gouvernance et de la corruption, l’État s’est décrédibilisé. Les formes de justice, les formes de sécurité sont parfois vendues aux plus offrants dans les conflits locaux. Ça c’est un problème extrêmement préoccupant. Le deuxième élément, c’est l’absence de l’État. Ça c’est liée à la montée de la forte insécurité. Et peut-être aussi, la stratégie de certains groupes qui visent explicitement à chasser l’État notamment des zones rurales et à le remplacer ».

C’est dans l’espoir de mettre fin à cette crise sécuritaire qui maintient cette région dans une étreinte destructive que plus de 300 jeunes combattants du mouvement pour la défense de la patrie (MDF) ont accepté de déposer leurs armes pour « rejoindre la république » à la demande du collectif des députés élus de la région de Mopti. Ces jeunes peuls qui n’ont rien de commun avec Oumar Aldjana, avaient pris les armes depuis le 07 janvier 2012 pendant l’occupation du nord par des terroristes. Ce matin ils se sont ralliés à la plate-forme pour prendre part au processus de paix.
Abdramane Niang, porte-parole du collectif des députés élus à Mopti nous explique les faits au micro de Ayouba Sow :
« Le problème qui se pose au niveau de la région de Mopti, aujourd’hui, relève tout simplement du problème de frustration. Tous ces problèmes intercommunautaires qui pointent dans cette région ne sont que les résultats de cette frustration des populations qui pensent que l’État leur a abandonné. Quand le collectif s’est saisi du dossier, notre objectif était d’encourager les jeunes gens et de les amener vers les institutions républicaines. C’est ainsi que nous avons posé le problème au ministère de la défense qui a pris contact avec eux, puis au Premier ministre qui nous a encouragé, et de pas à pas, on est arrivé à rassembler au moins 300 combattants qui étaient en dehors de la République. Le choix de la plate-forme ne vient pas de nous. Les députés ne se sont pas ingérés dans le choix. Ce sont eux-même qui nous ont dit qu’ils veulent adhérer à la plate-forme comme mouvement signataire de l’ accord d’Alger ».

Les responsables de la plate-forme ont accueilli ces nouveaux combattants avec honneur. Le porte-parole de la plate-forme leur a rappelé les valeurs de l’accord pour la paix et la réconciliation avant de les appeler à protéger tous les agents de l’Etat qui exercent dans leur localité.
Harouna Touréh, porte-parole de la plate-forme affirme que tous ces combattants prendront part au processus de paix. Il est au micro de Ayouba Sow :
« Ils ont choisi de venir à la plate-forme parce qu’ils savent que la plate-forme est constituée des mouvements républicains et ceci est très important pour nous. Nous recevons aujourd’hui des frères majoritairement de la communauté peule, qui adhérent à la plate-forme et donc, qui adhérent au processus de paix; c’est très important. Ils vont être pris en compte aussi bien dans le DDR qu’au niveau du MOC, c’est-à-dire de la sécurisation de leur terroir. Ils vont être intéressés à porter la sécurité dans leur terroir ».
En quoi ce choix peut-il contribuer à renforcer la sécurité surtout au centre du pays ?
« Voyez l’espace qu’ils occupent, c’est tout le centre qui est concerné. Maintenant il ne s’agit plus de Gao, Tombouctou, Kidal, Taoudeni et Ménaka, on est jusqu’à Sevaré. Donc, tout cet espace, nous l’espérons bientôt sera sécurisé pour le bonheur des populations ».

C’est aussi ce souci de maintien de la paix et de la sécurité qui préoccupe le président de l’association TABITAL PULAAKU MALI en déclarant que son association n’est ni de près ni de loin associée aux intentions du nouveau groupe armé peulh. Selon lui, Oumar Aldjanna n’a jamais eu de contact avec TABITAL ainsi que toutes ses structures déconcentrées.