Manifestations de Gao : la ville reprend son rythme après le protocole d’accord
Image d'illustration (Crédit AFP)

Manifestations de Gao : la ville reprend son rythme après le protocole d’accord

La situation s’améliore à Gao, 72 heures après les échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre mardi dernier dans la ville. Ces manifestations ont fait trois morts et plusieurs dizaines de blessés. La délégation gouvernementale dépêchée sur place est parvenue à un accord avec les manifestants. Selon plusieurs sources, un calme relatif règne à Gao. Les marchés et services régionaux ont rouvert.

La délégation gouvernementale a annoncé l’ouverture très prochaine d’une enquête pour faire toute la lumière sur les événements. Elle a également déclaré avoir pris bonne note des préoccupations des jeunes qui demandent leur inclusion dans le processus de DDR. Selon la délégation, ces demandes seront transmises à qui de droit.
Concernant la question relative aux autorités intérimaires, la délégation a expliqué aux manifestants que la localité de Gao n’était pas concernée par cette mesure. Selon les émissaires du gouvernement, les autorités intérimaires seront mises en place dans les localités où il n’y a pas d’ autorités municipales ou administratives. Les manifestants ont répondu qu’ils resteront vigilants sur ce point.
Selon des sources locales, cette rencontre a été utile. L’engagement de la délégation à prendre en compte les préoccupations des jeunes a fait redescendre le niveau de tension. Hier, un calme relatif régnait dans la ville de Gao où les points de contrôle des forces de l’ordre n’étaient plus visibles.
Notre émission « Grand dialogue » d’hier était consacrée à cette manifestation qui a dégénéré dans la cité des Askias. Selon le président de l’association « Cri du cœur », les autorités doivent prendre des mesures pour que de telles situations ne se reproduisent plus. Selon Almahady Cissé, face à la frustration généralisée de la jeunesse du nord, la situation peut encore dégénérer.

Almahady Cissé, président de l’Association « Cri de Cœur » :
« Aujourd’hui, si nous prenons la jeunesse du nord d’une manière générale elle est désœuvrée. Il n’y a pas d’emploi et depuis la crise, les jeunes sont exposés à la consommation de stupéfiants de tout genres. Beaucoup de gens savent manier les armes, ils ne font rien, il n’y a pas d’infrastructures sportives. Bref, une jeunesse débordante d’énergie qui n’a pas où réguler cette énergie, elle la déverse quelque part. C’est dommage de le dire mais si l’Etat ne prend pas ses responsabilités, tôt ou tard ça risque de dégénérer. Ce qui s’est passé à Gao est un cas déclencheur qui doit nous pousser tous à réfléchir. Et puis l’erreur que l’on commet, ou l’analyse que beaucoup de gens se font en parlant la Plateforme ou de la CMA, la grande majorité de ces jeunes ne se retrouve pas dans ce mécanisme. Pour eux, ils ne sont pas mandatés. Ces gens là ne reflètent pas, ne représentent pas les populations d’une manière générale, une grande composante de la jeunesse ne se reconnait pas en eux ».
Les marches de soutien aux jeunes de Gao se poursuivent à travers le pays. En plus des marches d’hier, une autre a été organisée cet après-midi à Bamako.
Le président de la République a présenté hier dans une allocution télévisée, les condoléances de la nation aux familles endeuillées suite à la manifestation de Gao. Selon IBK, ces « incidents regrettables sont une illustration manifeste d’une méconnaissance des aspects féconds du contenu de l’accord pour la paix et la réconciliation ». Pour le chef de l’Etat, les événements de Gao recommandent d’œuvrer encore d’avantage pour sa meilleure compréhension et son appropriation. .
Après la signature du protocole d’accord entre la délégation gouvernementale et les manifestants, la ville de Gao reprend peu à peu son rythme. Les commerces ont rouvert et les transports ont commencé à fonctionner . Plusieurs services régionaux ont repris le travail. La population s’apprête à inhumer les trois personnes décédées lors des manifestations de mardi et mercredi. Sur la trentaine de blessés, sept sont encore à l’hôpital où ils sont toujours soignés.

Aly Maïga est notre correspondant à Gao. Il est joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Depuis avant-hier soir, après la signature du protocole, des messages ont été lancés par les jeunes eux-mêmes, les leaders religieux, les chefs traditionnels. Ce sont des messages de sensibilisation, d’appel au calme et au respect des engagements pris dans le protocole d’accord. Ces messages ont été respectés, et même hier la diffusion de ces messages a continué. Ils demandent à rester tranquille, après les promesses tenues par la délégation ministérielle. Donc la situation est de nouveau calme. Les rues ont été balayées, on remarque aussi que les commerces et les boutiques ont rouvert, bref, les gens vaquent à leurs occupations. On peut dire que Gao est redevenue la ville que l’on connaît, une ville paisible, une ville où il fait bon vivre. Tout est calme actuellement ».