Tonka : des centaines de ménages déplacés en attente d’assistance humanitaire
Un site des déplacés à Kossia à 2 km du cercle de Tonka, le 13 juin 2025 📷 Studio Tamani

Tonka : des centaines de ménages déplacés en attente d’assistance humanitaire

Depuis le premier trimestre de l’année 2025, des centaines de ménages ont fui leurs localités pour trouver refuge sur un site de déplacés dans le village de Kossia à 2 km du cercle de Tonka, dans la région de Tombouctou. Celà à cause de l’insécurité et de l’ultimatum donné par les hommes armés. Selon le service du développement social et de l’économie solidaire de Goundam, ils sont environ 130 ménages vivant sur le site. Ces personnes déplacées disent avoir besoin d’abri, de nourriture et de médicaments.

À l’entrée du village de Kossia, on aperçoit des tentes faites de morceaux de nattes, de tissu, de plastiques. Malgré l’inconfort, les déplacés se partagent ce petit espace à l’épreuve du vent et du soleil. Ils sont 554 personnes venues bredouille des villages environnants qui sont Amassassal, N’Talassa, Danka, Arabébé. Mohamed Waram, chef du village de Kossia qui a offert son hospitalité à ces déplacés

Je les ai accueillis et leur ai attribué ce site. Nous sommes comme des représentants des autorités. Toute situation à leur niveau nous incombe. Donc, on ne peut que les accueillir et veiller sur eux. Depuis leur arrivée, je n’ai pas vu une ONG se manifester”, affirme le chef du village martelant. Qu’il a “émis des lettres sans suite”.

Entre les pleurs de ses jumeaux nés sur le site des déplacés quelques jours après leur arrivée, Aïssata, déplacée de Danka, évoque avec peine les raisons de leur déplacement et les conditions de vie précaires.

Nous avons fui les mains vides et nous nous sommes retrouvés dans ce village qui nous a accueillis avec du couscous, du plastique, des louches, des habits pour enfants ou du riz. Nous les remercions sincèrement pour ce geste”, confie-t-elle. Elle affirme que les femmes se débrouillent aux côtés de leurs maris, mais avec difficultés. “Souvent, nos hommes partent au travail durant toute la journée sans rien rapporter. Nous sommes devenus vulnérables. Certaines femmes sortent tenter leur chance en faisant des petits travaux ménagers pour d’autres et profitent souvent du peu gagné”,murmura t-elle !

Des déplacés lancent des cris de cœur

Cette situation de précarité se traduit par le manque d’abris, de nourriture et de soins de santé, car ils ont tout laissé derrière eux.

Il s’est passé des choses là-bas que je ne voudrais pas évoquer. Des raisons de forte crainte nous ont poussés à partir. On est mieux ici à Kossia, au moins nous avons la paix”, a indiqué Mahamoudou M’Bara déplacé. Il lance un appel d’urgence aux autorités et ONG de leur venir en appui

Depuis notre arrivée, nous ne restons pas les bras croisés. Certains parmi nous partent travailler le banco. D’autres accompagnent des pêcheurs et reviennent avec leur ration. Nous avons besoin de nourriture, de soins, d’habits et de kits ménagers. Que les autorités sachent que nous sommes là et qu’elles ont une forte pensée pour nous” dit-il.

Pour Bintou,une autre femme déplacée, le besoin chez les femmes allaitantes et en état de grossesse est urgent. Surtout sur le plan sanitaire.

Quand nous sommes arrivés ici, il y avait des femmes enceintes et d’autres qui venaient d’accoucher. Elles souffrent et ont besoin de soins. Elles souffrent de l’insuffisance alimentaire et de séquelles, de pathologies fréquentes. Il n’y a pas de soins et nous manquons de moyens de prise en charge.”

Hamidou Maïga est le chef du service local du développement social et de l’économie solidaire de Goundam. Il soutient que l’ONG NRC a déjà fait un premier geste humanitaire pour ces déplacés qui sont majoritairement des femmes et des enfants.

C’est l’ONG NRC qui a accordé l’évaluation de l’outil sectoriel des besoins de ces personnes déplacées-là. Et après, la même ONG s’est encore positionnée pour l’assistance. Le vendredi passé, la première assistance a eu lieu. C’était un appui en cash d’un certain montant qui varie selon la taille des ménages, pour acheter des vivres et non vivres.”, explique-t-il.

Des besoins persistants malgré les efforts fournis

Malgré cela, le besoin reste conséquent, indique Bilaly Kassambara, 2ᵉ adjoint au maire du cercle de Tonka. Il affirme que le village ne dispose pas suffisamment de ressources pour aider les déplacés. C’est pourquoi ils invitent les ONG et les personnes de bonne volonté à leur venir en aide.

Kossia, c’est un village qui est lié à Tonka. Donc parmi ceux qui viennent, certains sont obligés de se faire héberger là bas. Sincèrement, on n’a pas quelque chose pour pouvoir les accueillir. Seulement, on les a reçu avec le chef de village. Les ONG en ont fait, mais on demande qu’elles en fassent plus”, plaide l’élu local. Et M. Kassambara de déplorer “les difficultés sont presque devenues notre quotidien. Nous demandons vraiment une assistance.”.

Le souhait de ces déplacés internes reste le retour à la normale afin qu’ils puissent retourner dans leurs localités respectives.

Ecoutez l’ intégralité de l’émission Fabu dirène: