Au Mali, la double peine des PDIs en situation de handicap
Photo d'une femme déplacée en situation de handicap prise sur le site des déplacés à Faladié par une équipe de Studio Tamani le 03 04 2025.

Au Mali, la double peine des PDIs en situation de handicap

Sur les sites des déplacés internes, vivent des femmes en situation de handicap. Qu’elles soient déficientes visuelles, motrices ou ayant d’autres formes de handicap, ces femmes sont majoritairement dans une grande précarité. Mais, certaines parviennent, malgré tout, à subvenir à leurs besoins. Les services de développement social jouent également un rôle essentiel dans leur accompagnement et leur épanouissement.

Reportage :

Installée depuis six ans sur le site des déplacés de Faladiè, à Bamako, Mariam Boulo Barry a fui l’insécurité qui sévit dans la région de Koro. Aujourd’hui, elle tente de reconstruire sa vie, malgré les difficultés liées à son handicap. Mariam a perdu l’usage de sa jambe gauche à l’âge de 13 ans, à la suite d’une maladie. Assise sur une chaise en plastique, sous une tente, sa béquille en main, elle se confie. « Je suis malade. Je marche avec une canne. J’ai de l’eczéma, une maladie de la peau que j’ai attrapée quand je suis arrivée ici. Je crois avoir de la gastrite également. Je n’arrive pas à faire quoi que ce soit par moi-même », dit-elle. Et Mariam de poursuivre « mais c’est mieux. Parce que quand on tombe malade, on nous soigne. »

Malgré ce handicap, elle gère un petit commerce pour subvenir à ses besoins et elle s’intègre bien dans la communauté. « Je cherche des trucs à vendre comme le thé, le sucre, le savon, entre autres. C’est mieux que rien. Tout ce qui arrive comme dons sur le site, j’ai aussi ma part là-dedans. Depuis que je suis arrivée ici, j’ai bénéficié de beaucoup d’aide. »

Assistance familiale

Sa fille, Bèbè Sangaré, joue un rôle clé dans leur quotidien. Elle assure les tâches du foyer et veille sur sa mère malade.

« Quand je me réveille le matin, je lui donne de l’eau afin qu’elle prenne son bain. Je lui fais à manger, je lave ses linges sales et je lui fais également du thé. Je fais ce que je peux pour elle », se lamente-t-elle, tout en demandant de l’aide pour sa mère. « Que les gens aient une pensée pour elle. Parce qu’elle n’a aucun moyen et ne peut rien faire par elle-même », regrette Bébé Sangaré qui encourage sa mère à persévérer « Elle gagne dans ce qu’elle fait. Qu’elle redouble d’efforts. Parce que comme le dit l’adage, il n’y a pas de sot métier, mais plutôt des sottes personnes », dixit Mlle Sangaré. Elle affirme se débrouiller quand même pour lui venir en aide. Des fois, il arrive qu’elle tombe malade. Et on est souvent obligé de quémander », précise-t-elle.

Autre cas de personnes en situation de handicap

À Ségou, une autre déplacée interne vit une réalité plus contraignante. Idourou Diallo est malvoyante et dépend entièrement de l’aide des autres.

« Des larmes coulent constamment de mes yeux et couvrent ma vue. J’ai des difficultés à avoir à manger. J’ai aussi besoin de médicaments. Je souffre beaucoup. Se déplacer même est un problème. Tant que cette pathologie n’est pas soignée, c’est difficile pour moi. », confie-t-elle.

Un peu plus loin de Bamako, à Mopti, sur le site de Socoura, Mayima Cissé, également en situation de handicap, a bénéficié d’un vélo pour améliorer sa mobilité. Mais pour aller plus loin, elle souhaite obtenir un appui financier afin de lancer une activité génératrice de revenus.

« Je n’ai pas l’habitude de bénéficier de dons mis à part les vélos. Tout ce qui a trait à la nourriture, à l’argent, je n’en ai pas reçu. Par ailleurs, je suis intéressée par toute aide, que ce soit de la nourriture, de l’argent, des motos. Des nattes, des couvertures, je n’en ai pas eu non plus”, témoigne Mme Cissé. Elle demande de l’aide pour avoir une activité génératrice de revenus « que ce soit du côté du commerce ou de l’embauche ».

L’accompagnement du développement social

Ces femmes, souvent en marge des dispositifs d’assistance, bénéficient cependant de certaines initiatives du développement social. Elles sont intégrées dans des programmes de formation ou d’appui communautaire qui visent à améliorer leurs conditions de vie.

C’est ce que nous explique ici Tiemoko Traoré du service du développement social de Bamako.

« Quand tu es handicapé, il y a déjà une différence. Mais il n’y a pas d’exclusion. L’exemple, c’est que la formation en esthétique, des femmes y participent. »

En plus de vivre dans des conditions précaires sur les sites de déplacés, ces femmes doivent faire face à leur handicap, souvent sans accompagnement adéquat. « Elles ont besoin d’un appui humanitaire ciblé, à la hauteur de leur double vulnérabilité », plaide un responsable associatif.

Ecoutez l’ intégralité de l’émission Fabu dirène:

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