Au Mali, les populations continuent de fuir l’insécurité dans leurs localités d’origine, et se réfugient dans d’autres plus sures. Plus de 377 000 personnes déplacées internes (PDIs) ont été recensées, selon la Matrice de Suivi des Déplacements de la Direction nationale du développement social et de l’économie solidaire. Une fois sur les sites certains de ces déplacés, s’intègrent dans la société et mènent de petites activités. Cela grâce aux populations d’accueil.
À Mopti, la solidarité communautaire prend parfois le dessus sur les difficultés économiques. De nombreux habitants ont ouvert leurs portes aux déplacés. Sur le site de Socoura à Sévaré, près d’une centaine de personnes déplacées travaillent chaque jour pour subvenir aux besoins de leurs familles. « Beaucoup ont été formés en couture, saponification, transformation alimentaire. D’autres mènent de petites activités commerciales, » explique Oumar Barry, chef du site de Socoura.
Cette réinsertion est soutenue par la Direction régionale de l’économie solidaire et de l’action sociale de Mopti, qui organise des formations pour permettre aux PDIs de retrouver leur autonomie. « La majorité d’entre eux sont des éleveurs, cultivateurs ou pêcheurs, mais ils arrivent souvent sans aucun moyen. Nous cherchons à reconstituer leurs moyens de subsistance avec l’aide de nos partenaires, » explique Boubacar Djembe Dougou Diallo, chef de division défense et protection sociale.
À Bandiagara, un potentiel limité par l’accès à la terre
À Bandiagara, les déplacés cherchent également à s’intégrer. Selon Seydou Yanogué, président des PDIs du site d’Attbougou, de nombreuses formations en agriculture et en commerce ont été dispensées. Mais les obstacles sont nombreux, notamment l’accès limité aux terres cultivables. « Après un ou deux ans, les propriétaires reprennent leurs terres. Ceux qui sont aides-maçons restent parfois des semaines sans activité, » déplore-t-il.
M. Yanogué ajoute que « les petites activités commerciales, bien qu’encouragées par des ONG, peinent à décoller, faute de financements suffisants et de bons emplacements ».
Pour Boureima Ouologuem, chef traditionnel (Hogon), les déplacés sont désormais bien intégrés. « Ce sont nos parents. Ils font partie intégrante de la communauté. Leur présence renforce la main-d’œuvre locale, devenue plus stable et disponible. »
Entre intégration et précarité
À Yorosso, les déplacés trouvent leur compte dans les activités agricoles, d’élevage ou de petit commerce. « Les femmes vendent du lait, les hommes font du petit commerce. Ils parviennent à couvrir leurs besoins et à s’intégrer progressivement, » souligne Amadou Goïta, coordinateur de projet et membre de la société civile. Selon lui « chacun mène de petites activités pour ne pas rester dépendant. Même si les revenus sont modestes, cela leur permet de survivre, » ajoute-t-il.
À Macina, la réinsertion économique reste timide. Boubacar Tangara, déplacé depuis deux ans après avoir fui Kondo, témoigne ceci « Je tiens une boutique d’articles divers. Grâce à cette activité et au soutien de mes hôtes, je parviens à subvenir aux besoins de ma famille. »
Drissa Traoré, chef du service développement social, explique que le manque de partenaires freine les initiatives, malgré la disponibilité de terres et le lancement de quelques activités comme l’embouche ou le commerce.
Selon plusieurs experts, la réinsertion socio-économique des PDIs joue un rôle crucial dans la consolidation de la paix et de la stabilité dans les régions affectées par les conflits. En permettant à ces populations de retrouver une vie digne et autonome, elle contribue à prévenir de nouvelles tensions et à guérir les blessures sociales laissées par les déplacements forcés.
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