Quand l’interdiction de vendre du carburant en bidons paralyse des secteurs privés
Un agent approvisionne un groupe électrogène avec du gasoil à l’aide de bidons à Bamako, le 07 mars 2024. Crédit photo : Studio Tamani

Quand l’interdiction de vendre du carburant en bidons paralyse des secteurs privés

Il est désormais interdit de vendre du carburant en bidons dans les stations-service sans autorisation préalable.

Cette interdiction touche de plein fouet les secteurs dépendants du gasoil pour faire tourner leurs équipements. À Badalabougou, Bakary Traoré, couturier, explique que son atelier ne peut fonctionner sans générateur et que l’achat du carburant en bidons était jusque-là sa seule solution.

« Je suis en train d’aller chercher du diesel pour notre groupe électrogène. C’est essentiel pour notre travail, car la coupure d’électricité est permanente », témoigne-t-il.

« Cela fait 4 à 5 jours que nous n’arrivons pas à avoir du carburant en bidons. Les pompistes refusent d’en vendre, et il faut beaucoup d’efforts pour les convaincre. Or, pour faire tourner nos machines, il faut au moins 10 litres par jour », poursuit Bakary.

Un frein pour les producteurs

Même constat du côté d’un gérant de boulangerie, qui a préféré garder l’anonymat. Selon lui, plusieurs boulangeries ont cessé de produire faute de carburant pour alimenter leurs fours.

« L’accès au diesel relève d’un parcours du combattant. On refuse de nous le vendre en bidons, alors que nous voulons juste approvisionner nos groupes électrogènes », déplore-t-il.

« Beaucoup de boulangeries ont arrêté de travailler. Je ne suis pas sûr que nous pourrons ouvrir demain », ajoute-t-il, inquiet.

Pour de nombreux observateurs, il devient urgent de trouver un équilibre entre les impératifs de sécurité et les réalités économiques, afin d’éviter la paralysie de secteurs essentiels comme la couture, la boulangerie ou la transformation artisanale.

Une veille citoyenne en place

Face à cette situation, le Conseil national de la jeunesse (CNJ) a mis en place une commission de veille citoyenne pour informer et orienter les populations. Selon son président, Sory Ibrahim Cissé, cette initiative vise à diffuser des informations fiables sur la disponibilité du carburant et à accompagner les citoyens pendant cette période difficile.

Sorry Ibrahim Cissé, président du CNJ

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