À Bamako comme dans plusieurs villes du pays, il n’est pas rare d’apercevoir des enfants talibés mendier sous la pluie. Certains affirment éviter de sortir lorsqu’il pleut, mais d’autres disent n’avoir aucun autre choix. Pour eux, la quête reste le seul moyen d’assurer la ration quotidienne exigée par leurs maîtres coraniques. Ces derniers, de leur côté, assurent ne pas obliger les enfants à braver les intempéries et affirment leur conseiller de se mettre à l’abri.
Un quotidien difficile
Pendant la saison des pluies, les talibés affrontent de nombreuses difficultés. Exposés aux averses sans protection, ils racontent leur calvaire. Le premier que nous avons croisé dans les rues de Bamako, une boîte de tomate vide à la main, est catégorique : « Il faut manger avant d’étudier. Et pour chercher à manger, la pluie nous frappe. »
Un autre se souvient : « Un jour la pluie m’a tellement mouillé que j’ai eu de la fièvre. » Un témoignage que partage un troisième enfant, âgé d’environ 12 ans : « Nous savons bien que la pluie peut provoquer des maladies. »
La pression des maîtres coraniques ?
Pour le sociologue Hama Guindo, cette persistance s’explique en partie par la pression exercée par certains maîtres coraniques. « Même s’il pleut, une recette journalière est demandée. Quelles que soient les conditions climatiques, l’enfant pense avant tout à la remplir pour éviter des sanctions, physiques ou morales », déplore-t-il. Mais des maîtres rencontrés à Mopti et Yanfolila rejettent cette responsabilité. « Nous conseillons aux enfants de rester dans une maison quand il pleut. Après la pluie, ils peuvent sortir, mais pas avant », affirment-ils.
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Du côté du Parlement des enfants du Mali, les voix s’élèvent pour dénoncer ces souffrances quotidiennes. Son secrétaire général, Mamadou Modibo Kane, appelle à une mobilisation nationale : « Un enfant n’a pas sa place dans la rue mais plutôt à l’école, dans une famille, dans un environnement sain et protecteur. »
Des risques sanitaires majeurs
Le corps médical alerte également sur les risques. Selon le pédiatre Dr Zoumana Samaké, l’exposition répétée à la pluie entraîne de graves conséquences : grippe, maladies hydriques comme les gastro-entérites, pouvant aller jusqu’à la déshydratation.
Face à cette réalité, sociologues, maîtres coraniques, médecins et défenseurs des droits de l’enfant s’accordent sur une chose : préserver les droits des talibés est une responsabilité collective qui incombe à toute la société.
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