Vacances scolaires sur les sites de déplacés : entre apprentissage et petits boulots

Vacances scolaires sur les sites de déplacés : entre apprentissage et petits boulots

Sur les sites de déplacés au Mali, les vacances scolaires ne riment pas seulement avec repos. Pour beaucoup d’enfants, cette période est aussi synonyme de petits boulots, d’apprentissage de métiers ou encore d’assistance aux parents. Une manière de rester actif, d’apprendre, et parfois, de contribuer aux charges familiales.

Dimanche matin, il est un peu plus de 11h quand nous arrivons au centre Mabilé de Sogoniko, à Bamako. Le lieu accueille depuis plusieurs années des déplacés internes. Dans la cour, des enfants jouent au baby-foot, d’autres déambulent tranquillement.

Mais derrière cette ambiance détendue, certaines jeunes filles mettent leurs vacances à profit. Oumou Barry, Aissata Boura Diallo et Saffourra Ganaba, toutes élèves, racontent leurs occupations actuelles.

« Je suis une formation de henné chaque matin. Ça me permet de gagner un peu d’argent », nous explique Oumou. Aissata et Saffourra, quant à elles, aident leurs familles à la cuisine, aux tâches ménagères, et Saffourra vend parfois des patates douces en soirée.

« S’occuper, c’est se protéger »

Tedy Barry, présidente des femmes sur le site, lance un appel : « Si les élèves pouvaient avoir un peu d’argent pour mener une activité génératrice de revenus, ça les aiderait beaucoup avant la rentrée. C’est mieux que de rester inactifs. Ça les protège aussi. »

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Du côté de Mopti, sur le site Barbé Plateau à Sévaré, la dynamique est similaire. Un jeune garçon en 5e année nous confie : « J’apprends la mécanique pendant ces vacances. Je gagne un peu d’argent pour mes fournitures scolaires. » Plus loin, une jeune fille raconte qu’ « elle fait des ménages en ville pour aider sa famille ».

À Ségou comme à Mopti, les parents essaient de garder les enfants actifs : cours coraniques, jardinage, travaux manuels. « Certains enfants gagnent entre 1 000 et 1 500 FCFA par jour », selon les témoignages.

Des espaces pour apprendre et jouer

Au-delà des activités de survie, certains enfants ont aussi la chance d’accéder à des programmes socio-éducatifs. À Bamako, sur les sites de Faladiè et Sénou, le Samu social Mali a mis en place des espaces « amis des enfants ». Entre 300 et 400 enfants y participent chaque jour.

« Notre objectif est d’offrir un soutien psychosocial par des jeux éducatifs et des animations. L’équipe mobilisée est composée de professionnels et de relais communautaires », explique Alou Coulibaly, directeur du Samu social Mali.

Pour les pédagogues, ces activités sont à encourager, tant qu’elles sont encadrées. Seydou Loua, spécialiste de l’éducation, recommande un équilibre : « Le premier mois, les enfants doivent se reposer, jouer, s’amuser. Ensuite, il faut réintroduire peu à peu des lectures, des exercices, même légers. »

Selon lui, les petits travaux ou apprentissages, quand ils sont bien encadrés, peuvent avoir un effet bénéfique. « Cela évite les mauvaises fréquentations et garde les enfants dans une dynamique positive. »